Panzerballett s'est taillé une petite réputation dans le microcosme du métal fusion en se faisant une spécialité de reprendre des standards du jazz à la sauce métal. Ce groupe allemand n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai puisque c'est le 4ème album du groupe en 9 ans d'existence.
Sa réputation, le quintet munichois emmené par Jan Zehrfeld, la doit surtout à son talent et à ses choix artistiques d'avant-garde.
Pour ce 'Tank Goodness', Panzerballet puise immanquablement dans le creuset maison en alternant les compositions originales et les reprises de méga-standards. Au menu aujourd'hui le monumental "Giant steps" de J. Coltrane, le presque trop repris "Take Five", le "Some Skunk Funk" des Brecker Brothers et l'improbable reprise du "(I've had) The Time of My Life" tiré de la B.O. de Dirty Dancing.
Et la mayonnaise prend.
Car Panzerballett n'est pas un faire-valoir qui se facilite la vie en abusant de reprises. C'est une véritable formation jazz, faite de musicien débordant de talent, astucieusement complétée par l'inventivité et les riffs hallucinants de Jan Zehrfeld. Les compos sont travaillées, arrangées et produites avec une maîtrise professionnelle. Mis à part l'intro, la reprise de Dirty Dancing est une diversion jazz-rock-fusion sur le thème de ce standard de la pop. "Take Five" est revisité à la sauce funky et "Giant Step" est respecté comme une sainte relique.
Les compos propres au groupe trouvent naturellement leur place dans ce conglomérat d'influences jazz, punk, pop, rock, métal. A tel point qu'elles se fondent dans la masse et créent un ensemble étonnement homogène. "Vulgar Display of Sauerkraut" rappelle un Meshuggah qui aurait avalé un saxophone, alors que "Zehrfunk" pourrait passer pour une reprise d'un standard jazz avec un solo de basse ébouriffant. Quant à "The IKEA Trauma", c'est Mattias 'IA' Eklundh (Freak Kitchen) qui y officie au micro, preuve, s'il en était encore besoin de la légitimité du groupe sur la scène métal, pour un résultat encore une fois bluffant.
Avec ce 'Tank Goodness', Panzerballett apporte une fraicheur et une touche de nouveauté artistique particulièrement jouissives et ses (seulement) 48 minutes semblent bien courtes. Les allemands réussissent encore une fois à nous plonger dans leur style unique, fusion parfaite de jazz et de métal. Ceux d'entre vous qui ne connaissent pas encore Panzeballet s'exposent à une surprise de taille. Allez-y les yeux fermés contrairement aux oreilles qui doivent rester grandes ouvertes.