Cinquième album de The Devil Wears Prada, "8:18" est un album plus mature et rentre-dedans que ses prédécesseurs. S'éloignant des sonorités post-rock de "With Roots Above And Branches Below", et après un "Dead Throne" plutôt classique, le combo de Dayton renouvelle ici son dynamisme tout en conservant sa touche mélodique particulière.
The Devil Wears Prada prend ici une orientation plus sombre, notamment suite au départ de son claviériste. Noirceur qui se ressent principalement dans une agressivité plus viscérale qu'auparavant, avec parfois des riffs plus simples, plus punks, mais bien plus directs ('Gloom'). Les ambiances sont également très porteuses de l'atmosphère oppressante de l'album, comme sur 'Care More', qui offre une pause en clair-obscure pendant la tempête.
On retrouve les voix classiques du groupe, parfois gonflées à la testostérone ('Rumors'), parfois hurlées et belliqueuses ('Home For Grave'), mais également claires et mélodiques, donnant lieu à des refrains catchy et entêtants, comme sur 'Sailor's Prayer'. Le single 'First Sight' est, quant à lui, l'illustration parfaite de la mise en commun de toute cette variété de lignes vocales, autant d'émotions du spectre de TDWP.
"8:18" est un album au rythme bien maitrisé, alternant ses morceaux les plus brutaux avec ses bombes metalcores, liant violence et mélodie. Le groupe intercale même quelques "interludes" ou morceaux plus posés. '8:18', le morceau éponyme, est ainsi une bulle lumineuse au milieu du tourbillon tumultueux du reste ; 'Transgress' permet aussi une dernière respiration avant la fin de l'épopée. TDWP garde toujours ses instrumentations très metalcores, avec des rythmiques complexes et ses riffs épiques ('Black & Blue') avec des passages typiques de la scène dans la lignée de Bring Me The Horizon ou As I Lay Dying, avec qui le groupe a tourné. Car s'il affirme sa personnalité et sa patte, le combo ne s'éloigne pas beaucoup de son créneau et manque toujours un peu de la spontanéité d'un Norma Jean par exemple.
Dans l'ensemble "8:18" est un bon album de metalcore, évitant les pièges du genre et ses côtés les plus poseurs et parfois ridicules. C'est aussi un bon album de The Devil Wears Prada, dévoilant une facette plus sombre de la personnalité du groupe et une volonté de faire murir son propre univers. Cela reste toutefois un album d'un style qui ne plaira pas à tout le monde, car pas vraiment enclin à l'ouverture sur d'autres mondes musicaux, et seuls les fans / initiés du genre y trouveront réellement leur compte.