Au delà du réel
Ce n'est pas une défaillance de votre ordinateur, n'essayez donc pas de régler votre moniteur... Nous avons le contrôle total de l’émission. Vous allez participer à une grande aventure et faire l'expérience du mystère musical avec "A Perfect Absolution". Faites travailler votre imagination...
Vous commenceriez peut-être par imaginer un paysage dépeint par un groupe de death metal technique français qui pourrait rivaliser avec les pointures du genre, les pourvoyeurs de riffs assassins tels Suffocation, Obscura ou Spawn of Possession. Laissez vos facultés cognitives s’emballer comme un troupeau de chevaux fous, songeriez vous ensuite que cette formation toulousaine dispenserait une musique aux riffs écrasants, soutenus par une guitare soliste “shred” au jeu limpide et à la grande maîtrise, tout en "sweeping", en "légato" ou "speed picking".
Rêveriez vous alors d'un album haut en couleurs, remplis de moment forts ; une oeuvre dense et épaisse, magnifiée par une superbe jaquette, effrayante, brutale et obsédante. Écouteriez vous amoureusement les neuf stations de ce voyage, les neuf étapes démoniaques qui élaboreraient une musique malsaine et sombre.
Imagineriez vous un concept-album aux bases ancrées dans les tourments sombres de l’histoire russe, dépeignant la colère en l’an de grâce 945 de Olga veuve du roi de Kiev, qui a assouvi sa vengeance dans un bain de sang tel que ne pourrait le renier Shakespeare (chez eux tout aussi finissait dans un bain de sang).
Noteriez vous cette interprétation impeccable, cette production au cordeau, ce mur de son qui déverserait dans vos oreilles de l’épaisseur comparable au sang versé lors de ces massacres. Distingueriez vous une voix épaisse et maîtrisée, à la limite du "grunt" et du "screamo". Un bassiste dingue insufflerait des passages funky, varierait les tempo comme sur un grand huit ! Hallucineriez vous en discernant cette batterie "rouleau-compresseur" qui écraserait tout sur son passage dans une finesse absolue. Finalement auriez-vous imaginé des invités de renom, des talents confirmés issus de formations illustres telles Obscura ou The Faceless, groupes dont ces énergumènes seraient indéniablement les dignes héritiers.
Vous êtes alors arrivés aux frontières du réel, car tout ce que vous avez imaginé, ce dont vous avez rêvé ou ce que vous avez espéré n’est que réalité : Gorod vous le livre sur un plateau d’argent, reflet d'une humanité tourmentée ; il exhausse la violence des sentiments humains par cette musique épaisse et angoissante. Gorod signe avec A Perfect Absolution un album plus abouti plus compact que ses précédentes productions, proche du chef d’œuvre inoubliable. Un brûlot à ne pas manquer si vous aimez la rage et la technicité, la puissance et la douceur, le sang et la violence...