Combo new-yorkais formé en 2005 par Patrick Curley et Mike Neumeister qui destinaient le groupe à un métal, je cite : « technique, inspiré et violent », Theater Of The Absurd a sorti ‘The Myt Of Sisyphus’ fin 2013. C’est le second album du groupe après un très confidentiel premier acte éponyme sorti en 2007 à seulement 500 copies vinyles. Mécontents de l'album dès sa sortie ils se sont remis au travail et ont muri leur projet pendant 6 ans avant de nous proposer ce concept album sur le mythe de Sisyphe, Ce héraut grec, pour avoir offensé les dieux fut condamné par ceux-ci à pousser un rocher en haut d'une colline d'où il retombait éternellement avant d'en avoir éteint le sommet, un concept propices aux interprétations et aux supputations : toute vie vaut-elle d'être vécue ? Comment vit-on en assumant ses choix? etc ...
En adéquation avec ce concept riche de sens, la musique de Theater Of The Absurd est très éclectique mêlant de nombreuses influences rock et métal des années 70 à nos jours. Progressive et métal, elle très expressive. Les compositions sont complexes dans leur structure et dans la dynamique des morceaux. TotA officie dans un métal progressif mélodique au son très épuré, souvent acoustique avec de nombreuses parties de guitares sèches et un piano clair, souvent en rythmique, ce qui accentue encore l'authenticité de l'ensemble et contraste habilement avec certaines parties en chant extrême performées par le batteur Patrick Curley.
L'album n'est pas sans évoquer quelques groupe de métal progressif au son simple et carré comme chez leurs compatriotes de Hourglass ou Vanghough. Également très proche des créations des hollandais de Day Six pour la complexité des compositions et la clarté du son si étoffé soit-il, 'The Myth Of Sisyphus' embarque l'auditeur dans un méandre d'émotions tout au long des 53 minutes que dure l'album, grâce notamment aux différentes voix qui rythment les compos. Chants masculin clairs ou extrêmes, chants féminins éthérés, gothiques voire lyriques, apportent une variété de ton en adéquation avec les variations musicales que propose TotA.
Musicalement, le groupe emploie une recette bien à lui pour capter son auditoire : guitares omniprésentes mais pas envahissantes, rythmiques limpides et efficaces, arrangement subtiles et originaux (pianos, Melotron et guitares acoustiques), structure complexes, riffs acérés, soli aériens et mélodies efficaces. Si l'ensemble est particulièrement homogène et intéressant de bout en bout, quelques morceaux de bravoure retiennent cependant un peu plus l'attention comme "Rising Tides In Still Water", la suite épique en deux parties "For Nostalgias Burden" ou le final doucereux de "Changing Direction".
Theater Of The Absurd a trouvé sa voie (et ses voix) avec cet album qui oscille entre avant-garde et nostalgie d'un âge d'or du métal aujourd'hui oublié. Mais les américains parviennent à y apposer leur touche de modernité et portent ainsi haut le flambeau d'un métal progressif mélodique avant-gardiste d'une grande inspiration. Mention spéciale à la production limpide ainsi qu'à l'artwork surréaliste de l'album, ces aspects renforçant la qualité du travail du groupe pour nous présenter une œuvre longuement murie et un résultat très abouti. Nul doute que ce 'The Myth Of Sisyphus' trouvera son public chez les amateurs de métal prog mais qu'il saura également toucher tous les fans de métal ou de rock progressif tant cette récente production est variée, intéressante et réussie.