Le funeral doom a connu un véritable âge d’or durant la première moitié des années 2000. Or très vite, le masochiste qui cherche tel un Graal La bande son de sa propre mort a bien du mal ensuite à trouver la corde pour se pendre, la plupart des hérauts de cette sous chapelle n’étant pas des plus actifs. Heureusement, la fin d’année 2008 est marquée par le retour inespéré de Skepticim (avec "Alloy") et surtout de Pantheist.
On avait quitté le groupe en 2005 avec la publication de la compilation "The Pains Of Sleep". "Journey Through Lands Unknown" en surprend alors plus d’un car il s’avère très différent de ses aînes, lesquels ne se ressemblaient déjà pas beaucoup. Seulement composé de cinq plages, "O Solitude" était une descente à la mine cependant qu’"Amartia", concept-album sur les sept péchés capitaux égrenait par le biais de titres (un peu) plus courts un doom quasi liturgique.
Cette troisième offrande, quant à elle, se veut plus progressive que religieuse. Certains invariants qui permettent au groupe de bénéficier d’une identité singulière au sein de la confrérie sont toujours présents, tels que ce chant solennel ('Dum Spiro Despero') et surtout ces claviers qui mènent la danse en guise de fil d’Ariane au sein de complaintes en forme de labyrinthes brumeux. Mais ceux-ci s’éloignent donc cette fois-ci des rivages funéraires et se nourrissent d’influences piochées dans les années 70 ('Unknown Land' par exemple) tandis que les guitares ont davantage d’espace pour s’exprimer (« Eternal Sorrow »).
Sinon, gravé par le gourou Greg Chandler (Esoteric), c’est toujours aussi bien fait, c’est surtout toujours aussi triste et majestueux. Et d’une beauté noire et immense, à l’image du monumental 'The Lose Of Innocence'. "Journey Through Lands Unknown" s’arc-boute autour de huit pistes aux allures de récit dont elles formeraient les divers chapitres et qui ne souffrent jamais du monolithisme qui bien trop souvent (et malheureusement) cimente le genre dans une pesanteur ennuyeuse.
Bien au contraire, chez Pantheist, les compos sont riches, mouvantes et fourmillent de détails, elles progressent toujours vers un but précis, vers une fin que l’on devine déchirante. Le poignant et bien-nommé 'Eternal Sorrow' en constitue la plus parfaite illustration, ode désespérée qui achève (lui succède seulement l’incantatoire 'Mourning The Passing Of Certainty', basé sur des récitations boudhistes) un périple où la lenteur la plus funèbre ('Oblivion', miné par une mélancolie absolue que tissent des guitares douloureuses) voisinent avec des accélérations presque black metal ('Unknown Land'). La diversité des vocaux participent aussi d’une musique qui n’est jamais figée dans l’immobilisme.
Doté d’un son unique et d’une manière de répandre la tristesse qui n’appartient qu’à lui, Pantheist, qui a des allures de plateforme européenne où se croisent les adorateurs de la souffrance (Indesinence, Esoteric, De Profundis, Moss…) livre à nouveau avec "Journey Through Lands Unknown" un pur joyau, un diamant noir. Dommage que le groupe peine un peu à retranscrire sur scène la réussite de ses albums...