Mick Farren est mort… Mauvaise façon de débuter la chronique de ''Black Vinyl Dress'', ultime album du prince de la contre-culture anglaise. L’album a été composé avec son complice de longue date, le multi-instrumentiste Andy Colquhoun, qui joue de la guitare, de la basse et du piano, et le percussionniste Jacki Windmill. Débuté en Août 2012, le processus d’enregistrement aura pris 6 mois, ce qui contredit la légende qui voudrait que Mick Farren, sentant sa mort venir, l’ait enregistré dans l’urgence.
La première piste de l’album, la courte 'Black Dogs Circles' nous donne d’emblée le ton de l’album : une voix chaude, suave et mélancolique qui déclame plutôt qu’elle ne chante des paroles surréalistes et un solo de guitare flirtant avec le blues. Car ''Black Vinyl Dress'' est l’œuvre d’un poète, un miraculé désabusé qui a survécu à la Chute ('Cocaine and Gunpowder'), mais dont la survie est aujourd’hui mise à caution, offrant un nouvel angle d’écoute de la chanson. N’entendons-nous pas Mick Farren nous parler au-delà des murs du sommeil, soutenu par une batterie tribale qui nous rappelle que la cérémonie funèbre a été avancée (’’We had reached the point,/At which we would believe anything‘’) ?
Deux autres pistes sortent du lot. Il s’agit de la chanson éponyme, joyau romantique teinté de noir et 'Cigarettes', avec son riff de guitare impeccable, la reprise parfaite des paroles ’’Just something to do between cigarettes’’, le chant féminin possédé, le tribut à William Burroughs, faisant de cette chanson, le tube underground de demain.
L’album s’agrémente d’autres morceaux un peu plus légers, rappelant les belles heures des Deviants, 'I don’t like it here', qui nous envoie aussi vers Frank Zappa et Robert Calvert, 'Pick up the scissors' avec sa guitare tranchante, 'Tomorrow never knows'', reprise acide et marine des Beatles, et le double sautillant 'AK47'.
Ceux qui n’aiment pas le chant parlé pointeront du doigt le fait que la musique semble sans cesse en retrait. Il faut pourtant préciser que l’album n’est pas seulement celui de Mick Farren, il serait dommage d’ignorer la maestria d’Andy Colquhoun, disciple de Gary Moore, dont les guitares savent entrer en osmose avec la voix remplie de spleen d‘un poète de l‘au-delà (’If I was a Hun on my Pony‘).
Avec 'Black Vinyl Dress', Mick Farren devient la rock star, qu’il a toujours voulu être, à l’égal d’un Nick Cave (avec le très piano-blues ’Beautiful Women’). 'Black Vinyl Dress' est un album d’un autre temps, exigeant qui nécessite plusieurs écoutes pour apprécier l’ambroisie de ses fruits noirs.