Nous avions conclu la chronique de leur premier album, "Phase
Terminale" en disant que c’était un disque « très travaillé qui laissait entrevoir de réelles qualités ». Eh bien nous avions tout bon ! Car avec ce "Splendeurs et Viscères", l’essai est transformé et de bien belle manière.
L’excès pour l’excès n’est plus le crédo du groupe qui a
dompté, apprivoisé ce que l’on va appeler pudiquement « sa différence » ce que d’autres nommeront son incommensurable stupidité adolescente. Car il est vrai que les thèmes restent pour le moins très
crus. Sexe, meurtre, cannibalisme, violence… sont et demeurent les sujets de
prédilection du groupe. Certes aussi, la musique reste rugueuse ; un mélange de
Power Métal, de Métal Industriel et de chanson française, le tout porté par des
guitares très puissantes et des claviers somme toute assez discrets.
Mais l’ensemble est si bien amené, si bien structuré, que l’on
ne ressent plus cette volonté un peu puérile de choquer à tout prix. Il faut dire que le groupe possède désormais tellement d’atouts
dans ses manches pour mener à bien sa mission qu’il serait incompréhensible qu’il
se fourvoie. A commencer par cette voix féminine qui fait penser à celle
de feu les 10 Petits Indiens. Une gouaille parisienne (ce qui peut surprendre lorsque
l’on sait que le groupe est marseillais) dégoulinante d’un charme vindicatif ! Puis ces guitares, qui savent se montrer tranchantes et
puissantes sans jamais étouffer le propos, parvenant à insuffler aux
morceaux une énergie qui s’approche de celle déployée par Rammstein. Mais également des claviers / samples qui servent parfaitement
l’esprit des morceaux sans trop en faire et en enrichissant les morceaux de
petites touches d’ambiances très bien senties. Sans oublier une batterie qui renforce la puissance des morceaux
en se mettant également totalement à leur service. Et puis il ne faudrait pas faire l’impasse sur les textes.
Si beaucoup les jugeront inutilement outranciers, d’autres se délecteront de
leur côté décalé, de leur humour trash, des doubles sens qui se glissent ici et
là.
Bad Tripes n’est pas un groupe qui a pour vocation de faire l’unanimité mais il possède de quoi vous séduire et vous
entrainer dans son monde, pour peu que vous soyez doté d’un minimum de second
degré. Car loin de se contenter d’être un Rammstein de seconde
zone, Bad Tripes se crée un univers bien à lui, à mi-chemin entre romantisme
morbide, musique industrielle, gros Heavy qui tache et ambiances dérangées. A l’image des très efficaces 'Ami Public Numéro 1', 'La
Mauvaise Education' et 'Les Noces De Sang' (dont le clip mérite le détour), le
groupe nous montre que dans un genre un peu convenu il parvient avec « classe »
à évoluer et à se créer une identité forte.