Tiens, tiens, revoilà Clay Withrow et son "groupe" Vangough. Oui, parce que pour faire un groupe il faut au moins être deux. Ca tombe bien, Withrow a un batteur pour l'accompagner et désormais un bassiste, une vraie section rythmique pour lui tout seul. Le fantasque multi instrumentiste et touche-à-tout nous avait bien déçu en 2010 avec son concept inspiré des bandes son de jeux vidéo vintage 'Game On' après nous avoir ravi l'année d'avant avec un somptueux 'Manikin Parade' qui continue de tourner régulièrement chez bon nombre d'amateurs de métal progressif mélodique.
Avec 'Between The Madness', l'ambition est clairement de redorer le blason du groupe et d'asseoir sa légitimité dans le giron des formations progressives à suivre et surtout à écouter. Et Vangough nous propose du lourd pour y parvenir. Plus de 70 minutes de musique progressive, entre rock et métal, teintée de nombreuses et diverses influences. Heureusement, pas d'indigestion, malgré un format imposant, Withrow propose toujours un métal prog très mélodique et suffisamment varié pour ne pas lasser son auditoire. Les changements de rythmes se succèdent avec une cohérence toute naturelle et le concept s'en trouve sublimé. Il devient parfois difficile de se situer dans un morceau car Clay nous retourne dans tous les sens avant de nous faire retomber sur nos pieds comme sur "O Sister".
Pas de passages bourrins ou de démonstration technique, tout reste axé sur la sacrosainte mélodie. Withrow est un esthète du métal prog. Il l'aime simple mais subtil, sans fioritures, avec un son dépouillé, une batterie claquante et pas envahissante, avec des envolées mélodiques et planantes et avec un groove qui le dispute à l'émotion. Le natif de l'Oklahoma n'en rajoute pas non plus avec son chant, sachant se faire doux pour mieux véhiculer les émotions. Il ajoute même une corde à son arc en musclant le ton sur un bon tiers des titres avec une rugosité qu'on ne lui connaissait pas jusqu'alors.
Difficile de ressortir un titre en particulier dans un tel mélange d'ambiances et de mélodies. Chaque piste contient son lot de surprises. Peu de titres semblables en tous cas, puisque Vangough réussit la prouesse de proposer une heure et quart de musique sans lasser une minute. Chacun y trouvera donc ses perles préférées. Gageons que l'incroyable "Useless" et son intro electro-pop ou la très progressive "O Sister" se disputeront le trophée de titre préféré, à moins que la subtile "Thy Flesh Consumed", ou la catchy "Infestation" ne viennent les coiffer au poteau. Entre orchestrations travaillées ("Depths of Blighttown"), douceurs intimistes avec violon ("Between thé Madness") ou ambiances orientales ("Corporatocracy"), la formation propose suffisamment de variété et d'inspiration pour captiver l'auditeur tout au long de l'exercice. Et même plus loin, puisqu'après plusieurs écoutes, il vous arrivera de découvrir un arrangement, une harmonique, une ambiance qui vous aura échappé auparavant.
'Between The Madness' atteint donc la note maximum et ce n'est pas le signe d'une fièvre qui se serait emparée de votre serviteur mais bien le reflet d'un album parfaitement abouti qui surprendra les amateurs éclairés que vous êtes. Certainement l'une des réalisations métal prog les plus convaincantes de l'année 2013, en lice pour le titre de meilleur album dans cette catégorie. A écouter d'urgence.