Attenzione ! Oggetto Volante Non Identificato ! C'est ainsi que l'on pourrait présenter le nouveau projet de rock progressif du claviériste italien Christian Casani. Annoncé comme un space opera rock avec des synthétiseurs, nous étions en droit de nous attendre à pire...
Pourtant il n'en est rien, car délaissant la technologie informatique, Christian Casani a souhaité pouvoir compter sur un tout nouveau groupe, dans lequel on retrouve le claviériste Andrea de Paoli (Labyrinth, Shadows Of Steel), le guitariste Gianfilippo Innocenti, le bassiste Andrea Torricini (Vision Divine) ou encore le batteur Marco Aiello. A ce line-up déjà prometteur, s'ajoute la présence d'invités aussi prestigieux que Kevin Moore (ancien de Dream Theater, l'auteur de 'Pull me Under' sur ''Images and Words'', qui tient ici les claviers et les guitares), Mark Zonder (batteur de Warlord) ou encore Richard Barbieri (ancien claviériste de Japan, et membre actuel de Porcupine Tree).
En élargissant tous les horizons, Christian Casani choisit également de ne pas limiter son voyage par une autoroute directe de rock progressif, car en effet, cet album est construit comme un patchwork de genres. La première piste 'Out' donne le ton : se succèdent ainsi des nappes de synthétiseurs proches de Tangerine Dream, puis un rock atmosphérique plutôt froid, suivi d'une ambiance metal avec sa batterie lourde adoucie par une mélodie jouée au piano pour finir sur des paroles déclamées comme peuvent le faire les chantres du néo-prog. Cette formule se retrouve également sur 'Relativity' qui ajoute une influence electro et, associée à une voix chaude, contribue à charmer l'auditeur.
Le caractère hétérogène de l'album permet à l'auditeur d'évoluer dans un paysage sonore très diversifié, ''Chaos Venture'' constituant alors la BO d'un film que l'auditeur aurait lui-même rêvé. Chaque piste devient ainsi un morceau de film pouvant aller jusqu'à l'horrifique grâce à quelques aspects glaciaux et mélancoliques qui pourront rappeler la série Masters of Horror notamment sur 'Monsters HD' ou 'Sons of Nibiru'. A ce titre, la chanson la plus progressive de l'album est 'Space Commander', avec ses montées et ses descentes (que l'on retrouve sur la piste éponyme et sur 'Electric Symphony K725'), ses changements d'atmosphères, tantôt pleines de fureur, grâce au combo batterie et guitare relayés par un synthétiseur fou et des percussions arabisantes, tantôt apaisantes avec un passage en acoustique, puis la reprise explosive du premier thème dans une atmosphère de transe napolitaine.
Malgré les constructions ambitieuses des morceaux, l'album finit par se mordre la queue. La première raison réside dans sa longueur : 68 minutes. Certaines pistes auraient mérité un traitement plus rapide pour éviter tout aspect répétitif. La seconde réside dans le fait que le concept de l'album n'est pas très clair. S'il est parfois assez élaboré, comme sur 'Sons of Nibiru', placé sous la vigilance d' Howard P. Lovecraft (''We're creation of the Moon'', l'évocation d' ''ancient gods''), la plupart du temps, soit l'absence de paroles empêche d'être en adéquation avec l'album, soit la production noie les paroles, qui même en italien, nous semble faire partie du second plan ('Out', 'Plato Act'). Enfin, pour un amateur de musique, il est toujours frustrant de ne pas savoir quel musicien joue à tel moment, qui chante etc...
Heureusement, la fin de l'album, la grandiose et mélancolique introduction au piano de 'Nube di Oort', la voix chaleureuse de son interprète, ses incantations féminines et son final en tension constante nous invite à voyager à nouveau pour la nouvelle compagnie interspatiale de Christian Casani, qui malgré quelques turbulences, nous assure un beau voyage en ''ailleurs''.