Après un premier opus nominé pour le meilleur premier album aux Prog Awards, les Norvégiens de Fatal Fusion nous livrent avec “The Ancient Tale” leur deuxième effort. Le combo reste fidèle à son utilisation des sons vintage, mellotrons et sons analogiques de claviers en tête. Nous sommes donc dans la mouvance eighties avec des morceaux plutôt copieux et des développements à rallonge qui ne peuvent qu’attiser la convoitise des amateurs du prog des origines.
Le premier morceau est un peu à part dans cet album. Plus exercice de collage que morceau évolutif, il est constitué de sections assez disparates où les solistes sont plus dans l’improvisation que dans la savante construction évolutive. ‘City of Zerych’ apparaît donc assez décousu et peine à fixer l’attention de l’auditeur qui pourrait se décourager.
Ce qui serait une erreur. Les pièces suivantes vont au contraire se poser, et laisser les ambiances s’installer pour nous délivrer de très belles évolutions instrumentales - les parties vocales, assez réduites, ne sont pas le point fort du groupe, le timbre du chanteur étant plutôt quelconque et son interprétation restant assez ordinaire. En revanche, les soli réservent de très belles ouvertures : les claviers naviguent entre les mellotrons bien présents, à l’instar de Knight Area, les synthés vintage dont certaines sonorités pourraient être entendues dans le prog’ italien, et le Hammond genre Procol Harum (‘The Divine Comedy’). Certes, tout cela n’est pas nouveau, mais les Norvégiens s’y entendent pour nous livrer des ambiances bien construites. A côté des claviers, les guitares se taillent une jolie part, que ce soit sur le mode acoustique (deux excellents solos dans l’épique ‘Ancient Tale’) où électrique (dans tous les morceaux, mais en particulier dans le final du dernier, avec un ton que ne désavouerait pas John Mitchell ...).
Les quatre derniers titres sont des modèles d’homogénéité avec de longues dérives instrumentales très bien menées. Pourtant Fatal Fusion ne dédaigne pas les contrastes, à l’image de celui proposé dans ‘Tears I’ve Cried’, contraste entre l’intro simili-classique au clavecin, le thème suivant, lourd, faisant penser au ‘She’s So Heavy’ des Beatles, et le solo de guitare acoustique puis électrique. Certes, les recettes ne sont pas novatrices, mais le soin apporté dans la mise en place des mélodies et des enchaînements donne un résultat extrêmement agréable qui comblera les amateurs de développements (cf. l’excellent instrumental ‘The Divine Comedy’).
Belle réussite donc que ce second opus, qui ne manque la meilleure note que par la faute d’un premier titre trop décousu. Ne passez pas à côté de cet album attachant, dans une veine classique (les finals sont assez prévisibles) mais sûre (Mais ils font toujours leur petit effet) !