Quel groupe américain né en 1967 a réussi la performance de vendre 40 millions d’albums, de placer treize titre dans le Top 40 du pays de l’Oncle Sam et de ne jamais percer dans notre beau pays ? Un seul nom répond à ces trois affirmations, il s’agit de REO Speedwagon.
Ce groupe n’évoquera vraisemblablement pas grand-chose pour vous. Et pourtant, en 1981, leur album "Hi Infidelity" s’est vendu à dix millions d’exemplaires. Il fût d’ailleurs le disque de Rock le plus acheté de l’année. Cet opus marqua le sommet de leur carrière qui déclina alors ensuite inexorablement. Leur Hard Rock très soft et très catchy ne résista pas aux nouvelles tendances qui balayèrent comme un fétu de paille le géant américain qui ne sut rebondir. De ces glorieuses années sont restés quelques titres qui avaient en leur temps dominé les Charts. Vous avez certainement dû croiser leur route sur les ondes depuis lors sans savoir qui les interprétait. 'Don’t let him Go', 'Take It On The Run', 'Can’t Find This Feeling' et 'Keep On Loving You' sont de ceux-là. Le Hard Rock FM poussé au maximum de ses stéréotypes dans toute sa splendeur, voilà de quoi étaient faits ses brulots pour radio easy-listening.
Si les papys ont lâché l’affaire de la production d’œuvres depuis un bon moment, "Find Your Way Home" date de 2007 et survenait onze ans après l’album précédent, ils continuent à transpirer sur scène où ils revisitent leurs classiques pour les fans les plus fidèles. En 2010, au Moondanse Jam, un festival d’été dans le Minnesota, REO Speedwagon assura une belle performance qui eu la faveur d’un enregistrement. Trois ans plus tard, l’album et le DVD sont proposés à vos esprits curieux ou nostalgiques. "Hi Infidelity" y est largement représenté puisque c’est avec quatre tubes émanant de cet opus que le concert commence. Les neuf titres suivants sont extraits de cinq disques tous antérieurs à leur album-phare, sauf "Wheels Are Turning" car il était impensable de ne pas inclure l’archi-tube 'Can’t Fight This Feeling' dans ce set.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser pour un groupe qui ne produit plus aucun matériel et qui est constitué de membres ayant déjà soufflé leurs soixante bougies, la verve musicale est toujours présente. On peut en effet voir, avec parfois un certain émoi, le plaisir d’être ensemble se lire sur le visage des musiciens. On sent aussi l’application avec laquelle ils défendent leur partition respective et par-dessus tout, on sent qu’ils y croient. Il faut les voir croiser le fer dans de grands sourires complices qui devraient donner l’exemple à quelques tristes sires des scènes. Les fréquents échanges avec le public et les réactions de celui-ci notamment à travers les chants - les paroles des chansons étant connues par cœur - montrent que si les ricains n’ont pas laissé grandes traces en France, ils sont restés largement populaires dans leur contrée.
A la découverte du DVD, dont la qualité esthétique des images est à louer, on peut également être surpris par la technique des protagonistes avec une mention spéciale à David Paul « Dave » Amato à la six-cordes qui est loin d’être un modeste guitariste de Hard FM et reste capable de balancer des soli énervés et mélodieux et une autre au batteur Brian Hitt qui sait autant caresser ses cymbales que perforer ses fûts. Il serait dommage d’oublier Kevin Cronin le frontman qui développe une énergie phénoménale pour son âge, qu’il ne fait pas d’ailleurs, svelte qu’il est resté malgré le temps passé.
Un sacré voyage chez Dame Nostalgie que cet opus/DVD de REO Speedwagon, du nanan pour les ex-jeunes des 80’s qui ne juraient que par Journey, Kansas, Loverboy, Night Ranger et consort et un exemple pour tous les groupes de Rock qui espère durer sans perdre la foi. Simplement recommandable.