Qui aurait pû imaginer à l'époque du séminal "Let Them Eat Pussy" que les Américains seraient encore là quinze ans plus tard ? Pas grand monde, certainement. Non pas que ce premier album était mauvais, bien au contraire mais, biberonné à la bière et au sexe et nanti d'une pochette d'un (bon) goût contestable, il était difficile de prendre au sérieux ses géniteurs, ce qui ne les a pas empêché de s'imposer comme les rejetons les plus excitants d'Angus Young. Des galettes solidement charpentées, un chanteur velu, une dynamo vivante comme guitariste, de sculpturales bassistes et des prestations endiablées expliquent ce succès autant qu'une longévité que le silence discographique depuis 2009 et "From Hell To Texas", puis le départ de la charismatique Karen Cuda risquaient toutefois à terme de contester.
De fait, cette abstinence avait tout pour nous inquiéter. A tort car le plaisir de replonger dans l'univers des Ricains avec "Up The Dosage" n'en est que plus jouissif, auréolant celui-ci d'une très bonne impression générale dont il n'aurait peut-être pas bénéficié s'il était sorti plus tôt. Car, admettons-le, le combo se contente avec cette sixième rondelle de faire ce qu'il sait faire, du Nashville Pussy. Ce Rock bluesy crasseux au socle sudiste n'est pas propice aux longues analyses, il est comme une bonne bière qui se tête dans la salle enfumée d'un rade poussiéreux.
S'ils n'ont jamais cherché à cacher leur admiration pour les kangourous, le visuel, sobre et efficace simplement constitué d'un éclair se détachant sur un fond (presque) noir, de "Up The Dosage" affirme clairement la principale influence des Américains. Ce n'est pas pour rien que Blaine Cartwright le présente comme leur "Black In Black", comparaison flatteuse bien qu'un peu exagérée car il n'aura jamais l'impact de son légendaire aîné.
De plus, ce cru 2014 se révèle des plus variés, piochant certes chez AC/DC, comme l'illustrent des brûlots de l'acabit de 'Pussy's Not A Dirty World' ou 'The South's Too Fat To Rise Again', que propulsent la guitare survitaminée de Ruyter Suys, laquelle n'a toujours pas décidé de se calmer avec le temps, mais laissant plus que jamais affleurer les racines southern de ses auteurs. 'Hoorey For Cocaine, Hoorey For Tennessee' et sa slide remuante ou 'Before The Druggs Wear Off' en témoignent par exemple.
Selon une habitude entamée avec "Get Some", le quatuor prend son pied à mouliner des titres au tempo ralenti et bien gaulés, à l'image de 'Till The Meat Falls Off The Bone' et sa rythmique de bûcheron sans oublier 'Up The Dosage' ou le bien nommé 'White And Loud', tous irrigués par des riffs qui rentrent de suite dans la tête pour ne plus la quitter.
Quelques surprises émaillent enfin ce menu toujours court et ramassé telles que le crachat de moins d'une minute au jus 'Taking It Easy', au chant entièrement féminin et surtout l'opener 'Everybody's Fault But Mine' aux ambiances pesantes et que rehausse la présence d'un clavier aux teintes seventies, ce qui est rare chez Nashville Pussy.
Sans (mauvaises) surprises, efficace et décontracté, le groupe reste fidèle à lui-même avec cet album ni meilleur ni pire que ses prédécesseurs. Un disque de plus sans doute mais qui donne envie de taper du pied et de s'enfiler des mousses (en autres). Que demander de plus ?