Le vent chaud et poisseux du sludge ne souffle pas que dans l'est américain, il laisse également ses traces en Europe, au Pays de Galle pour être plus précis. Pourtant, au pays des créateurs du genre (Black Sabbath bien entendu), seul un petit nombre de groupes, comme Electric Wizard, a su tirer son épingle du jeu sur le plan international ces dernières années. Et pourtant, en s'y penchant un peu mieux, on peut découvrir des perles qui n'ont rien à envier aux Mastodon, Kylesa et autres Baroness.
L'un d'entre eux s'appelait Taint et en l'espace de deux albums, il a montré que l'hégémonie des américains sur le stoner n'est pas si totale. Mais les conditions faisant, le groupe split en 2010. 2 ans plus tard, le chanteur / guitariste James "JimBob" Isaac revient sur le devant de la scène et fonde Hark. Après un EP paru en 2012, le groupe livre ici son premier longue durée, pour le plaisir des amateurs de riffs massifs.
"Crystalline" reprend l'aventure de Taint très exactement là où elle s'est arrêtée. On retrouve donc un stoner / sludge aux caractéristiques proches de celles des groupes sus-cités : empilements de riffs, morceaux très guitar-driven, rythmique pachydermique. 'Palendromeda' se présente ainsi d'entrée de jeu comme une grosse baffe dans la tronche enchainant les plans épiques les uns après les autres sans temps mort.
Le chant de Isaac est imposant. Un chant hurlé, viril, mais sans jamais tomber dans l'agressivité, comme pour assurer la position de mâle alpha de son frontman. Les lignes rappellent parfois celles John Baizley (de Baroness pour ceux qui n'ont pas suivi), sur 'Hounded By Callous Decree' notamment. Et le bonhomme sait également faire preuve de subtilité et de modulation, comme sur l'excellent 'Mythopedia', au riff envoutant, ou 'Breathe And Run'.
Hark teinte ses compositions d'un rock'n roll old-school, enrichissant ainsi son côté groovy. Tantôt en aplatissant le groove ('Black Hole South West'), tantôt en le laissant totalement exploser ('Sins On Sleeves'). Le résultat est ultra efficace et le headbang assuré. Le groupe n'oublie cependant pas ses racines stoner, et propose des compositions aux rythmiques lourdes, hypnotiques et enivrantes. On pense à 'Scarlet Extremities' (où le chant nous rappelle furieusement celui de Phil Anselmo), Hounded' à nouveau ou 'XTAL 0.6', court interlude venant annoncer 'Clear Light Of...', la pièce finale de plus de 10 minutes. On ne sera d'ailleurs pas étonné d'y trouver Neil Fallon de Clutch au chant, tant sa voix semble s'intégrer naturellement dans le son de Hark.
"Crystalline" est un album épais, rempli de trouvailles guitaristiques, et de morceaux de bravoures. On regrettera toutefois la part restreinte laissée à l'expérimentation pourtant bien présente sur le "The Ruin Of Nova Roma" de Taint, dont on sait James Isaac capable. Il n'en reste pas moins un très bon album de stoner, bien plus inspiré que les derniers Mastodon et Baroness, et surtout bien plus équilibré et homogène que ceux-ci. En attendant la suite, on peut laisser 'Sins On Sleeves' nous faire pousser la barbe à vitesse grand V !