Chroniquer le premier album d'un nouveau groupe est toujours délicat. La première trace discographique peut parfois indiquer avec précision la direction musicale qui sera prise plus tard, voire rétrospectivement à la lumière des albums postérieurs, révéler les nombreux paliers franchis depuis l'accouchement.
Hélas, si la clémence est de rigueur pour un nouveau-né, il est difficile de tresser des lauriers au groupe Masta Kill et à son témoignage Natural Respect. Groupe de rock fusion catalan bien connu des festivaliers, Masta Kill attend cinq années de pratique avant de graver son premier album (un EP SOS paraissait en 2009). C'est à un groupe assez rodé sur scène et qui fait déjà montre d'une certaine énergie, supposée contagieuse auquel nous avons affaire.
Hélas, les promesses ne sont pas tenues. Une batterie molle (Meg White est une drummer-heroin à côté), des guitares qui jouent fort pour masquer certaines carences techniques en empruntant parfois à droite et à gauche (le riff de guitare de ''Mister Computer'' semble emprunter au ''It's Only Goodbye'' de ...Gentle Giant!) et une voix approximative qui déclame plus qu'elle ne chante et semble emprunter son phrasé autant aux Infidèles qu'à A.L.F. et les Dindons sont autant de défauts qui viennent ternir un ensemble déjà peu cohérent.
Car le projet Masta Kill, dont le nom s'inspire d'un rappeur respecté n'est pas très clair, la faute à cette étiquette de rock fusion qui mêle des influences reggae (''Respect'', ''Mister Computer''), hip hop (''Masta Kill'') ou plus purement rock (''No hurry''). Les paroles du groupe se veulent engagées, certaines chansons se targuent de faire le procès de l'homme destructeur de la nature (''Planet''), vampirisé par la modernité (''Mister computer'') ou par son propre ego (''Mytho'', ''Respect''). Malheureusement, les paroles engagées se révèlent d'une naïveté confondante dont le propos devient autant populiste que consensuel (''The King'' ressemble par exemple à une mauvaise réecriture d'un titre de Noir Désir, ''L'homme pressé''). Une écriture qui révèle des failles, mêlant un argot un peu gênant (les nombreux Faya, Masta), des rimes suffisantes, l'utilisation d'un Nous condescendant sur plusieurs pistes et d'un anglais non maîtrisé et complètement hors de propos (''Vibration'', ''You wanna get it'') voire une certaine auto-satisfaction à s'autociter (''Vibration acoustique'') ou à se jeter des fleurs (''Une foule en totale ébullition'' sur ''You wanna get it'). S'il est possible de sauver de cette catastrophe écologique quelques pistes, il faudra saluer ce court ''Interlude'' plus mélodique et réfléchi que ses consoeurs.
"Naturlal Respect" est un premier pas discographique qui n'est certes pas encourageant, mais qui n'empêche pas de souhaiter une bonne carrière à venir. ''On sait pertinemment que le chemin est long...''. Bon vent Masta Kill !