Il en est un qui ne manque pas de suite dans les idées : ainsi Vanished From Earth, jeune groupe argentin créé en 2011 sous l'impulsion conjuguée du guitariste Rodrigo San Martín et du claviériste Fernando Refay, sort fin 2012 son premier album baptisé "Vanished From Earth" dont le titre d'ouverture s'intitule … 'Vanished From Earth'. Méthode Coué, quand tu nous tiens !
Il faut croire que le climat sud-américain fait couler de la lave en fusion dans les veines des musiciens de ce continent. Car la musique des argentins ressemble par bien des côtés à celle de leurs collègues brésiliens d'Angra, s'apparentant plus souvent à du métal progressif qu'à du rock progressif. Pourtant 'Vanished From Earth' (le titre !) trompe bien son monde avec ses plages de claviers à la 'Watcher Of the Skies' suivies d'une guitare et d'une mélodie on ne peut plus floydienne à se croire sur "Wish You Were Here". Mais cette introduction n'est que prétexte à mieux surprendre l'auditeur sous le déluge de décibels furieux d'Hydra' qui s'enchaine sans crier gare au premier titre (Angra utilise le même procédé en préférant des intros plus "religieuses").
Dès lors le ton est donné et le groupe ne vous laissera que peu de répit. Riffs ravageurs des guitares, accords plaqués avec violence sur les claviers, batterie virevoltante et basse survitaminée accompagnent un chant qui passe le plus souvent en force et s'avère beaucoup moins à l'aise sur les quelques passages plus doux qu'il doit interpréter. Comme le chanteur n'est là qu'au titre d'invité, le groupe ne possédant pas de chanteur titulaire, il est dommage que Vanished From Earth n'ait pas songé à faire appel à un second interprète pour les passages délicats, Charlie Giardina n'étant guère convaincant sur ceux-ci.
Le chant est entrecoupé de nombreux passages instrumentaux, prétextes récurrents à des duels guitare/clavier de haut vol. Rodrigo San Martín et Fernando Refay sont à l'évidence tout sauf manchots et nous régalent de brillantes démonstrations dont la seule faiblesse est d'être plus techniques que sensibles. Les solos sont pour la plupart exécutés sur des instruments électriques, les quelques interventions d'un piano ou d'une guitare acoustique étant à savourer du fait de leur rareté.
Si l'interprétation est métal, la composition utilise les ficelles du rock progressif avec nombre de changements de thèmes et de rythmes (on passe du très rapide au très, très rapide) que la longueur des titres favorise, même si l'on peut regretter un léger manque de finition dans les transitions, donnant parfois l'impression d'écouter plusieurs chansons enchainées artificiellement les unes aux autres. Par contre, le groupe s'essaye avec réussite à toute une palette de style : atmosphérique ('Vanished From Earth'), métal mélodique ('Hydra', 'The Girl In The Mirror', 'Grey Matter Absence'), hard rock ('Fight The Power'), film à grand spectacle ('Daenerys'), folklore sud-américain mâtiné d'art rock ('Pandora', seul titre composé par le bassiste et tranchant fortement avec le reste de l'album), sans oublier quelques incursions dans le prog des années 70, le jazz et l'expérimental que la durée de la longue suite 'Grey Matter Absence' autorise.
"Vanished From Earth" (l'album) est un disque bien interprété dont l'écoute ne devrait causer d'ulcère à personne. Sans innovation ni prise de risque inconsidérée, il s'adresse avant tout à un public adepte de musiques énergiques et friand de prouesses instrumentales.