Lieu commun : réflexion banale, dépourvue d'originalité, idée reçue (Larousse). Affirmer que les Pays-Bas sont un vivier de groupes de néo-progressif est un lieu commun. Flambourough Head, Knight Area, PB II, Baloon, Like Wendy, Ricocher ... nombreux sont les groupes bataves qui brassent les canons du genre : la mélodie avant tout, de larges plages de claviers, quelques breaks pas trop appuyés et des développements instrumentaux conséquents, en somme une musique progressive douillette donc accessible qui ne choque personne, à part ses détracteurs, lesquels ne voient que dilution et banalités dans ce style.
Avec leur premier album "Mirrors", le sextet de Hangover Paradise rejoint clairement cette longue liste. Même si le combo n’a que trois années d’existence, les musiciens sont confirmés. Particularité : deux claviers tenus par deux jumeaux. L’écoute fait tout d’abord penser aux Luxembourgeois de No Name, ou même à Eloy avec ce ton résolument mélodique solidement accroché aux influences du début du progressif.
Aucune originalité à attendre dans cet album donc mais de solides mélodies parfois teintées de pop (un petit air de Muse dans le dernier morceau), donc très efficaces, des solis alternés aux guitares et aux claviers, pas mal de dynamisme (les sympathiques ‘I Rest My Case’ et ‘Religious Minds’ bien troussés), avec un petit clin d’œil vers le style épique (‘Army of Innocents’, bien équilibré). Pas un titre qui ne soit soutenu par les moelleuses nappes de claviers, pas de réel temps mort dans cet opus qui s’écoute sans déplaisir ... mais sans réelle passion, tant le groupe suit le canevas habituel du néo-progressif, style domestiqué s’il en est.
Pour rester objectif, il faut convenir que le plaisir d’écoute maintenu tout au long de ce “Mirrors” incite à l’indulgence. Il n’y a ici pas de quoi convertir les réfractaires au style, mais pas de quoi condamner cet album qui délivre des airs sympathiques et déroule ses titres sans faute de goût ni passage à vide. Une valeur sûre et sans surprise.