Edison's Children est né de la rencontre inopinée entre deux hommes : Pete Trewavas, le talentueux bassiste de Marillion et de Transatlantic, et Eric Blackwood membre de l'équipe technique sur la tournée "Los Trios Marillos" de Marillion en 2006. L'ingé son qui rencontre des problèmes avec les réglages de retour guitare demande à Blackwood de monter sur scène et de jouer sur la guitare de Steve Rothery le temps qu'il trouve une solution. Trawavas est littéralement scotché par ce qu'il entend et il se met aux claviers pour l'accompagner. Ce duo improvisé fut le point de départ d'une collaboration qui deviendra Edison's Children en 2011.
Pour le premier album Pete avait fait appel à tous ses collègues de Marillion mais sur ce deuxième opus les deux enfants d'Edison ne se sont adjoints les services que d'un batteur, à savoir Henry Rogers (DeeExpus, Touchstone). Si Wendy Farrell-Pastore apparait comme quatrième membre du line-up pour des effets de voix spectrale, c'est surtout pour son travail de graphiste qu'elle est créditée dans le livret. Quant à la setlist, si elle affiche pas moins de seize titres, l'album n'est en réalité constitué que de trois compositions, les deux premières de durées respectives de 4 'et 7'30 et la troisième de 67'20, soit un total de près de 80 minutes de musique.
"Final Breath" qui ouvre l'album donne dans le prog à ambiance envoûtante avec un démarrage tout en douceur suivi d'une lente montée en puissance où le chant se fait oppressant sur une rythmique entêtante. "Light Years" est quant à lui un titre découpé en deux parties. La première s'apparente à une chanson sautillante sur un tempo répétitif de quasi samba ponctuée d'une guitare légère parfois électrique, souvent acoustique. La deuxième partie qui dure un peu plus d'une minute, avec son changement de rythme et d'ambiance est justement nommée "Fading" puisqu'elle fait la transition avec la pièce maîtresse de l'oeuvre.
"Silhouette" est donc un plat de résistance de plus d'une heure, un épique pourrait-on dire, composé de 13 mouvements enchaînés. La musique alterne les moments calmes et les montées modérées en puissance, tout en restant sur un tempo relativement lent. On est ici dans des ambiances planantes et hypnotiques où rien n'explose jamais. L'auditeur est embarqué dans un voyage parfois bucolique, parfois plus enjoué, guidé par le chant rauque d'un Trewavas habité par son texte. De belles parties de guitare et de claviers viennent illuminer par moment cette lente rêverie, comme un feu d'artifice sur un lac endormi. Le plus surprenant c'est que cette composition à la durée impressionnante s'écoule et s'écoute sans qu'aucune lassitude ne s'insinue.
J'ai repassé vingt fois cet album et je ne sais toujours pas pourquoi chaque écoute me plonge dans un état de bien-être extatique. Je ne comprends toujours pas comment les deux compères d'Edison's Children ont réussi à composer une aussi longue suite sans tomber dans la redondance ennuyeuse. C'est pour moi une belle réussite et j'assume l'entière subjectivité de cette appréciation.