C'est un Steve Morse fraichement embarqué dans Deep Purple que l'on retrouve sur ce premier volet de "Major Impacts" en 1999. Cette idée sympathique proposée par le label Magna Carta tape dans l'œil de l'américain qui se prend au jeu. Le concept : composer une musique qui reflète le style des musiciens l'ayant influencé en tant que guitariste.
L'auditeur se retrouve donc tout au long de cet album plongé dans une sorte de jeu consistant à reconnaitre l'hommage à un groupe en se basant uniquement sur la guitare. Pour cela Morse va donc utiliser des tempi familiers, emprunter des phrasés, des thèmes chers à ces légendes du Rock et pour une fois, pas question ici de plagiat. Chaque titre vous en rappellera un autre, voire plusieurs par moments, et c'est tout à fait voulu. Un comble non !?
Accompagné des caméléons Dave Larue et Van Romaine, ses complices de toujours, Steve Morse propose 11 titres chacun aussi riche et agréable à l'écoute que l'autre. La majorité de ses influences a le droit ici à des titres complets sur lesquels riffs, soli, ponts et même rythmiques vont tout faire pour susciter l'hommage. 'Derailleur Gears' ouvre l'album en empruntant le tempo de 'Crossraods' de Cream et ses moult soli sont un vrai bonheur évoquant toute la fougue du jeune Eric Clapton. 'Well, I Have', peut être LA réussite de cet album, est un Hendrix plus vrai que nature : intro syncopée, mélodies aériennes, riffs solides, wha wha et feeling à chaque phrase. Autre titre fulgurant, le 'Bring It To Me' à la Mountain (vous avez dit Mississippi Queen' ?) qui reflète toute la puissance de feu de Leslie West dans cette salve très bien construite et homogène.
Côté douceurs, 'Migration' (hommage à The Byrds) joue la carte de la 12 cordes dans une balade Folk sympathique sur laquelle on pourrait presque entendre David Crosby chanter sur le second couplet et 'The White Light', ultra minimaliste rend grâce au toucher unique de John MacLaughlin. La meilleure des trois reste aisément 'Something Gently Weeps' évoquant tour à tour 'Here Comes The Sun', 'While My Guitar Gently Weeps' et autres délicatesses solo du grand George Harrison. Frissons garantis à chaque inflexion ou écho de guitare !
Il y a aussi les titres peut être trop évidents ou aux divers éléments mal assemblés comme 'Free In The Park' (les Allman Brothers), un 'How Does It Feel' trop proche du 'Start Me Up' des Stones ou 'Led On' évoquant l'intro 'Black Mountain Side', et qui avec ses influences indiennes et sa grosse rythmique nous rappelle un Led Zeppelin plus vrai que nature.
Enfin parmi les tirs groupés, notons deux réussites : 'Truth Ola', évidement progressif et rendant hommage sur le même titre et à travers des mélodies aériennes (et un solo de basse court mais impressionnant) à Jeff Beck, Eric Johnson et Alex Lifeson (l'intro à la Rush) et 'Prognosis', à l'intro de piano rappelant 'Song For America' de Kansas mais aussi 'Blue Rondo A La Turc' de Brubeck qui, filant dans un délire progressif, se transforme en un Yes majestueux et planant dans les dernières encablures.
Avec "Major Impacts", bien plus inspiré et homogène que le second volet qui suivra quelques années plus tard, Steve Morse dépeint l'histoire du Rock à travers le prisme de la guitare, des distorsions et reverbs et revisite en moins d'une heure et avec génie les grands riffs qui ont marqué le monde de la musique. Un bien bel album qui plaira aux amoureux de la guitare et des nombreux groupes précités si ces derniers sont prêts à faire abstraction de l'absence d'un chanteur !