Encore Steve Howe ? Décidément, je n'ai pas le temps de terminer une chronique qu'un nouvel album est déjà prêt à passer sur le grill. Au vu de la qualité de son précédent opus je ne vais pas me plaindre et j'attaque avec confiance l'écoute de Homebrew 3.
Le concept des "homebrew" se résume en un seul mot : recyclage. Steve prend un riff par-ci, une intro par là, enfin toutes sortes d'oeuvrettes musicales qui n'ont pas été choisies dans Yes, GTR ou même ses propres albums solo.
Howe nous joue donc son petit Lavoisier du progressif et pousse l'idée à l'extrême : "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Malgré cette notion, universelle en chimie mais fort discutable en musique, la démarche a de quoi surprendre. Tant qu'on en est aux citations, Pierre Dac disait que "Rien n'est jamais perdu tant qu'il reste quelque chose à trouver", la transformation eût donc été plus judicieuse au sein de vraies compositions...
Il vaut mieux savoir tout cela en attaquant l'écoute sinon on reste perdu devant l'incohérence et la durée des morceaux. Le plus long fait péniblement moins de quatre minutes. Humm ! Pas très prog tout ça. Par contre une fois l'objectif révélé, on se retrouve avec quelques créations allant du très passable au très bon mais on n'atteint jamais l'excellent.
Evidemment reprendre des bouts de compositions dont certaines datent de deux décennies, n'a pas l'impact d'un album composé comme Spectrum. Néanmoins, les fans du bonhomme écouteront assez facilement cet alignement sans aucun sens particulier de morceaux planants, rock, et surtout pop. La patte du guitariste est reconnaissable, mais le plus frustrant est que chaque instrumental, fonctionnant en fait comme une intro, appelle une suite qui hélas ne vient jamais. L'album s'écoute donc sans aucun moment fort et finit par se transformer en musique de fond, assez douce d'ailleurs, mais bien loin du potentiel avéré de Howe.
La confiance aveugle du début commence à battre de l'aile et l'on se demande quelles peuvent être les motivations d'un musicien comme Steve Howe pour sortir ce genre de compil assez dispensable. Ou bien une volonté de ne rien jeter, jugeant que toute chose qu'il crée est trop géniale pour être perdue - et alors l'on considère que l'artiste possède un ego discutable - ou bien le commerce fait rage et je vous laisse en tirer les conclusions qui s'imposent.