Pas facile de classer Fantome dans un style musical précis.
En effet, ce groupe allemand semble prendre du plaisir à varier
les ambiances et les styles évoluant ainsi dans une Pop
langoureuse qui se teinte souvent de sonorités New-Wave, Rock, Dark Wave voire électro.
Le pedigree des deux protagonistes de
Fantome n’aiguille pas non plus lorsqu’il s’agit de définir le style musical de
cet album. Les traces de Techno Hardcore à la Atari Teenage Riot, dont Hanin
Elias fut la chanteuse, ou de Metal industriel à la Die Krupps dont Marcel
Zürcher est le guitariste, sont en effets bien rares.
Le propos de Fantome est en fait bien plus apaisé, doux et envoutant.
Si la qualité première du groupe n’est pas à chercher
dans son originalité, il faut bien reconnaitre que le charme nonchalant qu’il
dégage est lui tout à fait opérant et efficace.
'Future Heroes', le titre d’ouverture, est assez emblématique
de ce dont est capable le projet. Après une entame à l’ambiance mélancolique
et intimiste, la musique évolue vers une
pop entrainante et mélodique.
Il en va de même de 'Love', qui commence comme l’improbable
union entre les Cardigans, The Cure période Disintegration et Kiling Joke pour
muter vers des sonorités plus Pop et Rock.
Ces morceaux sont très représentatifs de l’univers de
Fantome, tant l’influence des trois groupes cités est palpable tout au long
des 12 titres qui composent ce "It All Make Sense".
Avec 'Everywhere Nowhere', c’est plutôt vers une New Wave
assez froide que Fantome lorgne. La voix nonchalante de Hanin Elias ajoute une
grâce trouble qui à nouveau pourra rappeler sur certains aspects la période
Disintegration de The Cure.
C’est d’ailleurs cette voix féminine toute en douceur et en
harmonie qui contribue le plus à créer l’identité de Fantome, plus encore que
la qualité des arrangements. Le mélange vocal de mélancolie, de
joie naïve et de désenchantement constitue à n'en pas douter la composante essentielle du
groupe.
Désenchantement, ce mot résonne d’ailleurs de manière
particulière à l’écoute de 'Crash', qui fera irrésistiblement penser à une Mylène
Farmer susurrant du Léonard Cohen ou bien à la reprise du 'Everybody Knows' de
ce même Leonard Cohen par Concrete Blonde sur l’excellente B.O. du film "Pump Up
The Volume". Enfin, la onzième piste reste la petite curiosité de l'album dans le sens ou 'Je Suis A Toi' est un titre chanté en... français, ce qui nous rappelle qu'Hanin Elias a passé de longues années en Polynésie française.
Si cet album ne révolutionne pas la musique, il distille
avec classe une certaine élégance et constitue un très bon moyen d’attendre le prochain album
des Cardigans dont la réformation se fait de plus en plus probable.