Bien que formé en 2005 et déjà auteur de deux albums, ce n'est qu'avec la parution de leur troisième offrande que nous faisons aujourd'hui connaissance avec Soup, quatuor norvégien mené par le claviériste et chanteur Erlend Viken. Et sans immédiatement dévoiler ici toute la teneur de cette chronique, force est de reconnaître qu'il était plus que temps que de découvrir ce groupe aux qualités incontestables.
Durant les 48 minutes de The Beauty of Our Youth, Soup nous promène en effet dans un univers tout simplement magique, porteur d'émotions intenses, de celles que tout amateur de rock progressif, que dis-je, de musique, cherche à extirper de son moi le plus profond. Les huit plages de cette petite pépite marient à merveille la préciosité et la délicatesse d'une boite à musique, à la violence toute contenue de chorus de guitares saturées en diable. La première écoute de The Spirit Lodge va immédiatement amener l'auditeur à une analogie plus qu'évidente avec les derniers travaux d'Anathema. Mais là où la bande à Cavanagh se complait dans une certaine forme de noirceur, nos scandinaves lui préfèrent une joyeuseté (toute relative) qui se retrouve dans certains refrains et chorus (Transient Days par exemple) particulièrement "catchy", pouvant évoquer Muse.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, Soup complète ses mélodies magnifiques avec des arrangements ultra-soignés, empreints de symphonisme romantique, et ce plus particulièrement dans les développements instrumentaux qui rallongent judicieusement la majorité des titres, et notamment Memoirs of an Imaginary Friend, donnant tout son sens au terme progressif, sans que celui-ci ne devienne synonyme de complexité. Ajoutez à cela une parfaite maîtrise des changements de volume sonore, et l'univers dépeint par le groupe devient ainsi un espace dans lequel l'esprit vagabonde et s'abandonne, pour ne plus laisser que les émotions brutes envahir le cortex de l'auditeur, frissons et bonheur garantis.
Au moment de conclure cette chronique et de passer par la case (parfois difficile) de la notation, me reviennent en mémoire tous les instants de bonheur ressentis à l'écoute de cet album magique qui, sans prétendre à devenir un classique du rock progressif référencé en tant que tel, mérite néanmoins une classification en rapport avec les émotions distillées au fil de ses mesures délicates … et bien entendu mes encouragements à tous les lecteurs à partager autant d'émotions que votre serviteur en vous précipitant sur cette galette pour le moins inattendue.