Le jour où ces quelques lignes sont écrites nous fêtons la journée de la femme. Ca tombe bien puisque Nervosa possède la particularité - la seule d'ailleurs mais nous y reviendrons - de n'abriter en son sein que des femmes. Trois pour être précis. Et brésiliennes en plus. Les clichés ayant la peau dure, de séduisantes images callipyges commencent déjà à échauffer l'esprit. Las, ceux qui espéraient trouver chez ces demoiselles des temples de la féminité en seront pour leur frais.
Oh non pas qu'elles ne soient pas jolies à regarder, loin s'en faut mais, rageuses et énervées, elles ne sont clairement pas là pour babiller ou battre les cils, ce dont leur nom indique de toute façon, sorte de Destruction avec trois paires de seins. Testiculeuse, leur musique tètent donc les mamelles épaisses du Thrash à l'ancienne, celui de la Ruhr, brutal et puissant.
Que des femmes pratiquent ce genre metal à priori des plus masculins peut sembler étonnant. C'est pourtant méconnaître tout un pan de la scène sud-américaine où il n'est pas rare de voir des belles sortir les g(riff)es et rugir comme des panthères noires. Dans une veine plus speed et NOWBHM, on pense notamment à Demona, pour ne citer qu'un des meilleurs exemples de cette vague féminine qui n'est bien entendu pas pour nous déplaire.
Atouts de charme, les femmes font vendre. Sans elles, Nervosa recevrait-il aujourd'hui la même attention ? Le groupe aurait-il été signé chez Napalm Records ? Il est permis d'en douter et ce d'autant plus que ce Thrash, bien que nerveux et sans bavures, ne surprend jamais vraiment, honnête resucée de l'école allemande façon Kreator et autre Sodom. Du déjà entendu mille fois auparavant.
Oui mais outre le fait que le tout est emballé avec une efficacité de rouleau-compresseur, il y a ces trois grâces qui injectent une espèce de charme vénéneux à ce qui serait sinon d'une grande banalité. Mention spéciale d'ailleurs à Fernanda Lira, chanteuse et bassiste du combo qui gueule avec une énergie communicative. Il faut l'entendre sur le titre éponyme hurler avec une fureur survoltée. Frissons (de plaisir) garantis. Tigresse en chef, la brunette se fait aussi remarquer grâce à ses lignes de basse qui viennent presque étouffer une guitare néanmoins acérée et millimétrée.
Ce premier album avale les minutes, maintenant une cadence infernale, mitraillette crachant des rafales qui toutes font mouche. Durant plus de 45 minutes, jamais la machine ne s'enraille, imparable collection de cartouches dont on oublie vite qu'elles ne sont tirées que par trois minettes, pour ne retenir finalement d'elles qu'une puissance de feu atomique. Ce n'est pas là la moindre qualité de ce galop d'essai à la recette certes éprouvée mais emballée avec une maîtrise éclatante, signe qu'on devrait entendre parler très vite de ces charmantes bougresses.