Produit par Mike Holmes, hébergé chez Giant Electric PEA, le faisceau de présomptions quant à l'influence majeure qui prédomine derrière la première réalisation de Synaesthesia ne laisse que peu de place au suspense. On retrouve bien évidemment IQ et son néo-progressif inspiré en trame de fond de la majeure partie des sept compositions qui couvrent ce premier album, qui s'ouvre de façon magistrale par un épic de 22 minutes, façon osée de se présenter à la planète progressive, mais oh combien réussie.
Time, Tension & Intervention va en effet en bluffer plus d'un, tant transparaît le talent à l'état pur tout du long des six parties qui composent cette suite dantesque, dont le rendu nous ramène à Subterranea … mais pas que. Loin de cloner leurs illustres ainés, ces nouveaux venus sur la scène néo-progressive nous proposent des compositions à la personnalité propre. Certes, on y retrouve les rythmiques impaires et les ruptures de mesure chères à la bande menée par Peter Nicholls, ainsi qu'un talent certain à dérouler des chorus symphoniques du meilleur effet. Mais l'univers développé par le quintet présente également des sonorités se démarquant de son modèle, tant au niveau des claviers aux accents parfois un peu "cheaps" que dans l'utilisation régulière de guitare acoustique.
Dans le même ordre d'idées, Synaesthesia s'aventure dans des contrées plus "métalliques" (l'adjectif reste très relatif) ou du moins plus dures qu'IQ, Sacrifice en étant la parfaite illustration, comme pour mieux coller aux accents de modernité mis en avant par de nombreux groupes du genre dans leurs récentes publications. Quelques artifices "expérimentaux" (là encore, usons des guillemets pour faire part du degré de relativité associé à cette catégorisation) viennent également s'insérer entre deux chorus ou soli de guitare (Epiphany ou Time, Tension & Intervention), sorte de respiration incongrue placée là comme pour mieux faire apprécier ce qui suit.
Néanmoins, tout en essayant de se démarquer de son modèle, Synaesthesia ne cherche en aucun cas à le renier, écrivant "dans le style de", avec une qualité d'interprétation tant instrumentale que vocale tout bonnement bluffante s'agissant d'un premier album … et ce pour le plus grand plaisir de nos oreilles, d'autant que la troupe à Mike Holmes n'est pas adepte des sorties frénétiques ! Vous aurez donc compris qu'il ne vous reste plus qu'à vous précipiter de toute urgence sur cette galette qui se positionne d'ores et déjà comme une des grandes réussites de cette année 2014, et qu'il conviendra de ne pas oublier lors des futurs palmarès !