Si son nom (à l'orthographe légèrement différente) évoquera chez les plus cinéphiles d'entre-vous un court-métrage de François Truffaut, Mystons, c'est aussi le nom d'un groupe. D'un duo plutôt, celui que forment M. et John Myston, respectivement chanteur/guitariste et batteur. Bien qu'encore peu connu en dehors de sa Finlande natale, le tandem ne vient pour autant pas de perdre spn pucelage puisqu'il a déjà trois albums à son actif depuis sa formation en 2007. Et cela s'entend tout du long de ce "Black Matter", quatrième opus d'une classe insolente dont la maîtrise trahit de fait une incontestable maturité.
Oui mais Mystons, c'est quoi ? Sa biographie ose la comparaison avec un Simon & Garfunkel pratiquant du Heavy Metal (?), image à priori improbable qui n'est pourtant pas si loin de la vérité. Plus que dans sa forme bicéphale, c'est peut-être dans la voix même de M. Myston que l'analogie se révèle la plus judicieuse, tant l'homme possède un timbre séduisant, extrêmement émotionnel et surtout très personnel, qualité précieuse qui confère à la musique des Finlandais une vraie identité, à la fois élégante et puissante, chaude et bourrée de feeling.
Ce qui la rend également difficile à étiqueter, à ranger dans une case bien précise, c'est ce mélange de riffs très lourds, presque sabbathiens dans l'âme (noire) et d'atmosphères intimistes teintées d'une certaine fébrilité. Vaguement arrimé à la mouvance Stoner de part ses atours seventies et sa prise de son généreuse, le groupe forge tout simplement du Rock. Et du meilleur. Du ciselé façon orfèvrerie, avec de superbes chansons dedans., dix au total et toutes plus imparables les unes que les autres.
Courtes plus que calibrées, ce sont des compositions directes et accrocheuses qui possèdent la force de thèmes simples et envoûtants qui font mouche. Depuis leur socle heavy et rugueux ('Coal Soul Woman') décolle cette voix ensorcelante qui emporte tout, véritable clé de voûte d'une cathédrale vibrant d'émotions. Ecoutez les 'People Of The Dark', 'Echoes' et plus encore 'Let The Darkness Rest In Peace' où l'homme roucoule avec sa voix profonde et vous comprendrez !
On aurait pourtant tort de ne réduire Mystons qu'à son seul chanteur lequel cache en réalité des arrangements soignés, des ambiances chaleureuses au service d'une écriture variée à l'origine de titres pesants parfois rapides tel que le sublime 'Only You' que propulse une batterie du feu de dieu ou plus lents à l'image du duveteux 'Ride'. Les refrains sont inoubliables ('King Of Rage'), les mélodies aussi. De quoi donner envie de nous plonger dans le passé du groupe...