Il y a des albums dont on ne sait pas trop d'où vient le nom. Prenez les mecs de Red Fang, en général, ils donnent à leurs productions le nom d'un morceau du disque précédent. Ca n'a pas forcément de rapport avec le nouvel album, mais peu importe. Et bien avec ce "Lobotocracy" de Colossus, en revanche on sait à quoi s'attendre. Un brutal death résolument moderne, issu de l'écurie Klonosphère, ravageur et viscéral, aussi implacable qu'une presse hydrolique ; apprêtez vous à sentir votre cervelle se faire compresser pendant les 40 minutes de "Lobotocracy".
C'est avec sa voix d'incarnation du Mal cornue croisée avec l'engeance porcine du Diable que le chanteur de Colossus nous décrit ses tourments et son univers, aux relents cyber-punk et post-apocalyptique, comme l'évoquent la pochette de l'album, et des titres comme 'Evilation Failure', 'Worst Clone Award' ou 'Hellsurrection'. Difficile de rentrer pleinement dans les paroles du groupe, mais l'esthétique de l'album est en tout cas réussie.
Musicalement, "Lobotocracy" est magmatique, un bain intense et compact de sons, de riffs, de roulements dont on ne sort pas indemne. La section rythmique, aux allures de bulldozer russe, alterne entre coups de parpaing soutenus ('Uninvited Guest') et des patterns alambiqués et déstructurés, pour le plus grand bonheur du mathcoreux en nous ('The Beyond Chronicles' ). Mathcore indeed, car au détour de ce labyrinthe de brutalité, on retrouvera la subtilité d'un Dillinger Escape Plan avec des riffs ultra tordus, nous retournant la cervelle dans tous les sens. Mais on ne collera pas d'étiquette à Colossus qui sait s'inspirer du meilleur du metal extrême pour un résultat finalement très cohérent, bien qu'assez indigeste pour ceux qui ne sont pas habitués. On entendra donc un death à la Gojira sur 'Evilation Failure', un metalcore super efficace sur 'We Are The Ones Called Devils' et même une intro à la 'My Friend Of Misery' de Metallica sur 'Hellsurrection (Part 1)'.
"Lobotocracy" est donc protéiforme, et revet de nombreux aspects. Mais il faudra persévérer pour en boire pleinement le nectar ; l'album est tout de même dense, compact et 'The Combustion Point' en introduction n'est pas le morceau le plus digeste pour s'ouvrir aux plaisirs masochistes de la brutalité de Colossus. Passé ce premier contact, on se délectera des rythmiques inventives, des riffs épiques et du déluge sonore qui s'abat sur nous.
Avec ce 2e album, Colossus se confirme comme un groupe à la puissance de feu incroyable, qui vient grossir le catalogue plus que recommandé de la Klonosphère. Gardez à l'esprit que "Lobotocracy" n'est pas un album facile, surtout pour ceux qui ne sont pas habitués au metal le plus extrême. Pour les autres, un régal.