Osta Love est un duo allemand qui, après un premier album autoproduit en 2012 ("Colours") et quelques concerts, a été repéré par PPR et vient de sortir, sous ce label, sa seconde production. "Good Morning Dystopia" est un concept album qui comme son nom l’indique évoque une société organisée de telle manière qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Le groupe est constitué du multi-instrumentiste Tobias Geberth (guitares, claviers, basse et chant) et de Leon Ackermann à la batterie. Ils ont toutefois fait appel à trois invités pour quelques titres, dont Sarah Gretsch qui prête sa voix sur ‘Alaska’.
De ‘Prologue’ à ‘Epilogue’ l’album s’écoute d’une traite sans aucune difficulté. Le style est clairement à mi-chemin entre l’univers des Pink Floyd des années 70 et celui plus récent de Porcupine Tree. C’est ainsi que vous pourrez apprécier le mélange de claviers aux sonorités proches du Mellotron associé à une guitare électrique plus moderne mais digne de David Gilmour. La voix quant à elle se rapproche de celle de Steven Wilson tout du moins dans le phrasé. Elle est d’ailleurs certainement l’élément le plus original de cet album. Souvent étouffée et transformée par le biais d’effets, elle reste difficilement définissable et pourra peut être rebuter certains auditeurs. Pourtant cette forme de chant sert l’histoire en renforçant le sentiment de confinement lié au mal être de vivre dans cette société intrusive.
Comme souvent pour les albums conceptuels il n’est pas forcément trivial de dissocier les pistes les unes des autres. Toutefois ‘Fragile Freedom’ propose une belle rythmique agrémentée d’une basse très présente assurée par Gregor Nicolai. Ajoutez à cela une introduction de guitare qui aurait pu se trouver sur "Fear Of A Blank Planet" et vous obtiendrez un titre très accrocheur.
‘The Guards’ est également une plage intéressante et aussi la plus longue de l’album. Débutant avec de petits sons cristallins proches d’une boite à musique, le titre va rapidement évoluer sur un tempo évoquant une marche militaire. Cette sensation est renforcée par des bruits de foules en arrière plan. Difficile de ne pas penser à "The Wall" tant l’ambiance s’en approche. Le titre propose aussi quelques alternances de moments plus calmes et d’autres plus oppressants de manière très efficace. Terminons avec ‘Alaska’ et ’Shine’, titres moins tourmentés qui correspondent à l’arrivée dans un monde meilleur. La musique cette fois ci nous offre des instants jazzy et d’autres toujours Floydien semblant provenir directement de l’époque "Dark Side Of The Moon".
"Good Morning Dystopia" est un bon album qui trouvera aisément son public auprès des fans des Pink Floyd et ceux de Porcupine Tree. Si le duo fonctionne bien il mériterait tout de même de s’étoffer un peu pour muscler son jeu et profiter pleinement du talent des invités. Malgré cela, Osta Love a réussi à nous offrir une histoire bien servie par une musique au fort potentiel émotionnel.