Xasthur, projet purement studio défendu par un musicien solitaire, Malefic, fait partie de ce véritable triumvirat du black metal underground américain, avec Leviathan et Velvet Cacoon. Tous les trois ont en commun un même amour pour l’œuvre de Varg Vikernes, maître à penser du grand Burzum et pour un black malsain, lent et parfois quasi hypnotique. Si Leviathan est le plus extrême des trois et Velvet Cacoon le plus expérimental car plongeant sa musique parfois aux confins de l’ambiant, Xasthur est quant à lui le plus scandinave, et donc le plus accessible du lot (tout est relatif bien sûr).
"Nocturnal Poisoning" constitue la parfaite porte d’entrée à son univers suicidaire, torturé et d’une noirceur absolue. Il se compose de huit titres (dont une reprise de Mutiilation) qui semblent ne former qu’un seul bloc pétrifié de près de 70 minutes. Cachés derrière une production pourrie et grésillante, un peu à l’image des premiers Burzum (d’ailleurs, l’instrumental final, 'Forgotten Depths Of Nowhere', qui suinte une tristesse infinie, pourrait sans peine être issu du cerveau de Vikernes), ces longs morceaux sont forgés autour de riffs pollués et répétitifs formant un substrat sinistre derrière lequel résonne tel un écho funèbre le chant hurlé et inaudible de Malefic. 'In The Hate Of Battle', 'Soul Abduction Ceremony', 'Legion Of Sin And Necromancy' ou 'Nocturnal Poisoning' et ses 15 minutes de lenteur étouffante et malsaine, sont de véritables perles noires morbides qui vous engourdissent et vous entraînent dans un abymes de dépression sans fin.
Mais contrairement à toutes ces hordes pataugeant dans un true black stérile afin de mieux cacher leur médiocrité, Xasthur exude lui le vrai souffle obscur qui donne vie au pur black metal ; il renoue de fait avec l’esprit originel qui habitait ces bâtisseurs d’édifices impies que furent Burzum, Mayhem, Darkthrone, Immortal ou Emperor.