Deux ans après un premier LP suffisamment remarqué pour leur ouvrir les portes du RoSfest, les Américains de Dream the Eletric Sleep (DTES) nous offrent un deuxième album intitulé “Heretics”, basé sur un concept assez alambiqué : les “hérétiques” représentent ici des femmes qui par leur comportement progressiste ont suffisamment perturbé l’hégémonie masculine de leur époque pour se voir marginalisées par la société. Comme souvent dans le monde progressif, le groupe s’est attelé à un sujet ambitieux, très compliqué à mettre en musique et malaisé à capter pour qui n’entend pas couramment toutes les subtilités de la langue anglaise.
Reste la musique, et de ce côté, DTES nous montre de fort belles qualités, avec notamment une entame très réussie, ample, percutante, oscillant entre le Porcupine Tree de l’époque In Absentia et les montées atmosphériques d’un Anathema en grande forme (les trois premiers morceaux, réjouissants). Plus loin dans l’album, le ton de certains couplets se fera plus pop (Fist to Face), avec des accents de U2 et toujours des lignes de basse très présentes qui dynamisent l’ensemble. DTES n’hésite pas en fin d’ouvrage à saturer un peu le son, avec un côté plus heavy ('Ashes Fall', un peu en force), ce qui démontre une certaine volonté de ne pas rester confiné dans un style figé.
Le revers de la médaille est que l’album ne laisse pas une grande impression d’unité musicale (la faute au concept trop vaste ?), mais marque plutôt par la qualité de certains titres, comme le diptyque 'Lost Our Faith / How Long we Wait', qui couvre l’intimiste avec un duo banjo/voix, le jazzy et le symphonique tout en usant de montées en puissance très bien conduites.
Des réussites qui en augurent probablement d’autres, DTES apparaît donc comme un groupe à suivre et en attendant le prochain opus sans doute plus cohérent, on pourra toujours se délecter de ce très bon "Heretics" .