Homonyme d'un groupe finnois de progressif symphonique ayant publié deux albums dans les années "septante", le Tabula Rasa dont il est ici question est un quintet britannique qui nous propose son premier album, constitué de 16 titres dynamiques. Le peu d'informations disponibles à cette heure sur le web me contraint pour le moment à cette présentation on ne peut plus sommaire !
Pas de round d'observation pour cette première production, le groupe plonge la tête la première et attaque bille en tête Dive In avec une introduction instrumentale rythmée et une première démonstration de dextérité des deux guitaristes. La section rythmique se révèle carrément furieuse, avec un batteur qui en fait parfois un peu trop, usant régulièrement de sa double pédale pour donner une coloration très métallique à ce côté des choses. A l'opposé de ce spectre sonore au sein duquel la technique domine, la voix mutine de Mica Tenenbaum vient contrebalancer les envies de cavalcade des quatre garçons.
Profitant de cette dualité, Tabula Rasa passe allègrement de passages très pop à des saillies instrumentales aux développements souvent peu importants, mais insufflant une dynamique incroyable à la plupart des titres, Concrete Calls et ses soli de guitare en veux-tu en voilà en étant le parfait exemple. Comme souvent, le titre le plus long s'avère le plus passionnant : après une première partie sur le modèle de ses prédécesseurs, Insight and Sound finit par "envoyer la sauce" avec un déluge de guitares sur une rythmique dantesque, se poursuivant alors que la belle Mica reprend la main pour clôturer une pièce dantesque qui fera passer l'auditeur par de multiples émotions.
Pour souligner tout cela, quelques touches discrètes d'orgue Hammond, souvent relayées en arrière-plan, viennent cependant apporter une coloration supplémentaire. Il est vrai que les rares passages durant lesquels les claviers se taillent la part du lion ne se révèlent pas forcément les plus mémorables (la première partie d'India Ink ou encore le baroque Liberty City). Chacun à sa place après tout. Pourtant, l'écoute des 53 minutes de cet album recèle également quelques surprises, et notamment un inattendu reggae à la rythmique sautillante soulignée par une basse intense, (Don't Look Down), apportant une respiration plus que rafraichissante à l'ensemble.
Formant un tout, les différents morceaux s'enchaînent, avec quelques interludes de transition (dont le libellé apparaît entre parenthèses), avec une cohérence rarement prise en défaut, les dernières notes de Postscripts n'étant finalement qu'une invitation à … replonger les oreilles en direction de Dive In, même s'il faut pour cela en passer par un Gliese 581 g, coda quelque peu en décalage avec le reste.
Rock progressif, pop, métal, rock tout court, difficile de choisir un qualificatif particulier à associer à cet album de Tabula Rasa. Ce qui est certain en revanche, c'est que le mélange de tous ces ingrédients aboutit à une belle galette qui séduira bien au-delà des publics attachés aux spécificités de l'un ou l'autre des styles évoqués.