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"Asia se surpasse sur Gravitas en livrant une pop nostalgique en quête d'un Graal, sachant conjuguer émotion et harmonie."
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4/5
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Le nouvel album d'Asia, le bien nommé ''Gravitas'', a déjà fait couler beaucoup d'encre même avant sa parution. Le troisième départ de Steve Howe, s'il ne sonnait pas le glas des ambitions du groupe, scandalisait par l'arrivée en renfort d'un...jeune podcasteur de Youtube, Sam Coulson, dont le nom ne viendrait pas à l'esprit pour reléguer dans l'ombre le grand guitariste de Yes, ni même Mandy Meyer, qui était pourtant moins âgé avant son entrée dans le temple Asia.
Supergroupe ayant parfaitement négocié le virage pris par un prog moribond en proposant un compromis entre prog, pop et hard, Asia a souvent essuyé les accusations de n'être qu'un adepte de palimpsestes mélodiques auto-recyclables, essayant en vain de reproduire le succès inattendu de l'album originel. L'album précédent ''XXX'' avait déjà partagé la critique qui réduisait souvent le son du groupe à un hoquet spectral. Pourtant, Asia ne tisse pas le linceul du rock progressif (voire le sien!) en le noyant sous des écumes pop, mais au contraire se démarque par son talent pour développer des atmosphères symphoniques en renouvelant la pop de l'intérieur, et ce depuis...le premier album!
''Gravitas'' s'inscrit à ce titre dans la logique de continuité de l'album précédent, à tel point qu'une probable trilogie de l'apesanteur pourrait peut-être se dessiner un jour. Après un album lumineux et aérien, Asia se retrouve confronté à la tragédie de la perte, les regrets de l'espace. Une fois n'est pas coutume, l'album débute par un tube, 'Valkyrie' (qui a failli être une chanson éponyme) qui possède la même ambiance feutrée des violons de 'Tomorrow's world' pour finalement s'orienter vers une balade mélancolique énergique, magnifiée par une mélodie minimaliste mais frontale, un grandiose premier solo de guitare et par la voix rocailleuse de John Wetton, malgré les sonorités du refrain rappelant à la mémoire francophone, une vache écarlate hilare. Un effort de syncrétisme de la philosophie stoïcienne et de la mythologie nordique nous conduit à une véritable leçon de vie dans laquelle l'homme retrouvera ses origines, au Valhalla (''The place I will be known/ Where I belong.''), ce qui sera maladroitement exploité dans un clip un peu kitsch. Le seul bémol notable serait une production un peu étouffante, l'accent mis sur la guitare et la batterie ne laissant que peu de place aux claviers et aux violons.
La suite de l'album survit à sa première piste et trouve même deux sommets harmoniques, 'Russian dolls', ballade embrumée une nouvelle fois magnifiée par la voix chaleureuse de John Wetton qui nous rappelle, en toute sensibilité retenue, certaines chansons de King Crimson, ('The Night Watcher' ou 'Fallen Angel', voire 'Love now till eternity' sur ''Astra'', ou 'True colors' sur ''Alpha''). L'introduction de l'animal triste 'Gravitas' nous conduit sur les pentes oldfieldiennes avant que les claviers de Geoff Downes ne martèlent la partition, ouvrant le chemin à une énergie plus brute et dans laquelle Sam Coulson fait montre de ses talents.
Le groupe ne renie pas son origine progressive et nous pouvons assister à une renaissance capricieuse sur 'Heaven help me', qui débute de manière catastrophique avant de creuser son chemin vers un rock symphonique protéiforme alliant les notes émouvantes du piano de Geoff Downes, sonnant parfois comme un mellotron et la guitare heavy de Sam Coulson. Si ce dernier échoue sur la durée, son solo de guitare final étant plus poussif, le premier s'affirme comme l'un des meilleurs claviéristes de cette décennie, parvenant à l'émotion pure à travers la (fausse) facilité de sa partition.
D'autres morceaux rappellent curieusement d'autres groupes sans pour autant parler de plagiat, l'éclatant pop folk 'Till we meet again' se tourne vers les derniers morceaux de Gentle Giant agrémenté d'un solo majestueux de guitare, une autre ballade nostalgique 'Joe Di Maggio's glove' et sa guitare acoustique ressemble à une version ralentie de 'Take a long way home' de Supertramp (déjà source d'inspiration sur l'album précédent), mais surpasse sans peine son modèle. Quant à 'I would die for you', il rappelle le moins lointain 'I would die in your arms tonight' de Cutting Crew, agrémenté d'une batterie martiale de Carl Palmer.
Si le groupe reste prisonnier de certains tics, comme la répétition du titre du morceau lors du refrain (un point commun avec Killing Joke), comme sur 'The closer I get', le titre le plus faible de l'album "Gravitas" est la preuve que le secret alchimique d'Asia est encore bien gardé, et le nouvel adepte, dont les soli de guitare sont parfois convenus (sur Nyctalophobia), fait le plus souvent montre d'un savoir faire technique et harmonique. L'album de la nouvelle jeunesse d'Asia ?
Plus d'information sur
http://www.originalasia.com/
LISTE DES PISTES:
01. Valkyrie 02. Gravitas 03. The Closer I Get To You 04. Nyctophobia 05. Russian Dolls 06. Heaven Help Me Now 07. I Would Die For You 08. Joe Di Maggio's Glove 09. Till We Meet Again 10. The Closer I Get To You (acoustic) [bonus Track] 11. Joe Di Maggio's Glove (acoustic) [bonus Track]
FORMATION:
Carl Palmer: Batterie Geoff Downes: Claviers / Choeurs John Wetton: Chant / Basse Sam Coulson: Guitares
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(7) AVIS DES LECTEURS
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Prévisible -cela arrive avec ce genre musical-, mais surtout, lisse comme un billard… Tellement lisse qu’on a bien du mal à se raccrocher à quelque chose. Rarement entendu cela avec Asia : on croirait un enregistrement de vacances, effectué entre deux séances de plage, en dépit du lot habituel de rythmiques musclées et autres soli de guitare endiablés (il faut reconnaître que le nouveau s’en sort plutôt bien). Une sorte de sérénité détachée plane au-dessus de l’album. Le problème, c’est qu’elle semble évacuer tout le reste : la poésie, la hardiesse véritable, l’onirisme, l’ardeur progressive. "Valkyrie", puis le titre éponyme, entendent passer en force ; malheureusement, quelques poignées de secondes suffisent pour en faire le tour, l’ennui s’installe rapidement. A mon sens "The closer I get to you" n’est pas le titre le moins intéressant, mais il est tellement balisé qu’il en supporte assez mal les écoutes répétées.
"Russian Dolls" en revanche est certainement parti d’une bonne idée, mais l’originalité de son refrain est massacrée par la médiocrité de l'accompagnement. On dirait une démo… Ce titre méritait pourtant mieux qu’une réalisation sonore au rabais. Avec "Nyctophobia", le constat est quelque peu inversé : son couplet sautillant ne manque pas de caractère, et il est efficacement servi par une basse qui souligne idéalement la partition vocale de Wetton. Mais le refrain, cette fois, est tellement convenu qu’il plombe complètement le charisme de la composition.
Par ailleurs Gravitas n’échappe pas à la récurrence du recyclage (avec une telle discographie on peut évidemment l’admettre, mais associé au manque d’inspiration cela devient discutable) : "I would die for you" est un remake sans relief de "I believe" (Omega), et "Joe Dimaggio’s Glove" est dérivé de "I don’t wanna lose you know" (encore Omega), mais avec un potentiel émotionnel un cran (très) en-dessous. Omega auquel je n’avais adhéré qu’à moitié, en raison de sa production sonore qui me semblait souffrir d’un je ne sais quoi d’inachevé. Mais s’il faut accorder un peu d’indulgence à Gravitas, en comparaison, Omega mérite en effet les 5 étoiles de Music Waves (que je ne lui ai pas attribuées en son temps), et très largement.
Il resterait "Heaven help me now" à sauver, énergique, expressif, alliant le rock et la symphonie dans un bel élan. Pour moi le seul titre qui rehausse significativement le niveau de l’album.
Peu d’intérêt à évoquer les deux reprises acoustiques clôturant le disque, qui ont bien du mal à dissimuler sa durée utile de 48 minutes environ, une durée plutôt minimaliste en regard des formats adoptés par Asia depuis Arena en 96.
Un Asia en petite forme, sur ses deux dernières réalisations studio. Après la pluie, le beau temps ?
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Attention, ça n'est pas un fan d'Asia devant l'éternel qui vous parle mais quelque un qui jette régulièrement une écoute aux productions du groupe et en choppe une, comme ça sur un coup de coeur.
Ceci dit, ce "Gravitas" m'a laissé à la première écoute un goût de "plan-plan" (comme disait ma grand-mère, "Y'va on dirait qu'y r'vient") en dehors d'une poignée de titres immédiats comme 'Valkyries' que Wetton tient à bout de bras épaulé d'une belle mélodie de violoncelle, mais aussi 'Nyctophobia' au refrain pourtant martelé mais finalement très lumineux, la pièce centrale épique 'Heaven Help Me Now' et le final flamboyant de Folklore 'Till We Meet Again', le reste m'en avait touché l'une sans faire bouger l'autre (celle là c'est pas de ma grand-mère). Au fil des écoutes le nostalgique 'Russian Dolls' et l'éponyme musclé sont venus s'ajouter à la liste. 'I Would Die For You' sent les années 80 (et pour cause il en vient) et la redite comme la poignée d'autres non cités qui sans être mauvais ne me transportent pas.
Quant à Coulson, n'en déplaise à certains, ses interventions sont tout à fait d'à propos et sur chaque solo, aussi discret soit-il, le gars fait preuve de talent et d'une maturité étonnante pour son jeune âge. A écouter et (peut être) adopter.
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Mon dieu, quel ennui. Les intros sont globalement réussies, mais dès que le chant débute, le soufflet retombe et la mélodie ronronne jusqu'à la conclusion du morceau. Pas grand chose à sauver, donc.
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Voir les 7 avis des lecteurs
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(2) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
2.9/5 (7 avis)
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STAFF:
2.5/5 (11 avis)
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