Quand bien même il n'a jamais vraiment cessé d'exister, le fait est que depuis une bonne quinzaine d'années, Solstice semblait plus mort que vivant, n'offrant que des miettes (deux splits entre 2001 et 2007 et autant de compilations). Du coup, nous nous étions résolus à considérer "New Dark Age" comme - déjà ! - le point final d'une carrière qui promettait beaucoup plus que cela, cet album ainsi que ses deux devanciers, "Lamentations" puis le EP "Halcyon", ayant esquissé un style unique qui devait autant au doom traditionnel qu'au heavy metal dont le premier n'est finalement que la déclinaison tragique et plus pesante encore du second.
Bref, nous en étions là avec ce groupe devenu culte entre temps, comme c'est souvent le cas, pourtant promis à une retraite que rien ne paraissait vouloir empêcher. Puis à peu, un nouveau line-up, où l'on croise de très solides musiciens issus de Iron Void, The Lamp Of Thoth, Lazarus Blackstar ou Craven Idol, s'est constitué autour de celui qui reste le seul membre historique, le guitariste Richard Walker. C'est pourquoi et bien qu'il ne soit pas de part sa durée - 26 minutes - le vrai successeur de "New Dark Age", il faut accueillir "Death's Crown Is Victory" comme le signe de vie d'une formation qui nous a bien trop manqué depuis 1998.
Edité en format tape (par Into The Void) et vinyle (chez White Horse), cet EP aligne quatre titres dont deux instrumentaux. Ceux-ci, qui encadrent le menu, dévoilent les racines heavy de Solstice, pistes toute en progression qui ne sont pas sans évoquer certains titres du même genre émaillant les premiers Maiden avec leurs lignes de guitare entêtantes. Entre ces deux petites sentinelles se niche le principal intérêt de cet essai à savoir "I Am The Hunter" et l'éponyme "Death's Crown Is Victory", deux joyaux puissamment épiques voisinant chacun avec les dix minutes.
Galopant à travers un vaste paysage majestueux, le premier est perforé par des attaques de six-cordes nerveuses. Le jeu toujours précis et suintant de feeling de Walker, procure des frissons lors d'un pont instrumental du feu de dieu et plus maidenien que jamais, ouvrant la brèche à un passage émotionnel lui aussi frissonnant de beauté. Plus lent, plus lourd aussi, son successeur est quant à lui porté par les lignes de chant superbes et d'une profonde gravité de Paul Kearns, disparu des écrans-radar depuis le sabordage de Arcane Sun. Il fait mieux ici que se rappeler à notre bon souvenir, se glissant avec une remarquable aisance dans le doom mythologique des Anglais. Il élève ce titre vers des sommets, aidé dans son ascension par la paire de bretteurs et un socle rythmique rocailleux.
La qualité d'écriture et cet art de l'inexorabilité intactes, Solstice nous rassure avec ce EP, nouveau chapitre ou soubresaut supplémentaire d'une carrière aux maints retours avortés. L'avenir nous le dira...