Blacklarsen est un groupe stéphanois qui, avec «"The Line Which Divides Life From Death" -TLWDLFD-, offre à nos oreilles attentives un deuxième album soutenu en partie par un financement collaboratif. Sur la route, le quatuor a perdu le bassiste et c’est un des frères Fayeaux (Damien) qui va quitter sa guitare pour se recentrer sur cet instrument moins pourvu en cordes mais tout aussi indispensable.
"Li(v)es On Fire" (leur précédent essai) s'orientait vers un rock au rythme élevé et percutant tout en laissant la part belle aux moments plus ouatés ." TLWDLFD" a laissé de coté cette composante excitée pour se concentrer sur la mélodie et une noirceur où les complaintes de la 6-cordes se perdent dans le lointain. Le mellotron est présent notamment sur le long ‘Dusk’ dont la montée en puissance et la voix plaintive et chaude de Julien – quelque part entre Bertrand Cantat et Tom Smith (Editors) - font mouche.
Les compositions sont majoritairement mid-tempo mais joliment travaillées. L’écoute de la plage inaugurale est symptomatique de la folie créatrice du groupe. Démarrant sur un léger martèlement des fûts, soutenu par une guitare à la distorsion envahissante, la rassurante prestation vocale fait la liaison lorsque la basse entre en jeu. Ici se trouve toute la puissance mélodique du groupe. Bien sûr, il reste des relents évidents du rock pulsé d’où Blacklarsen tire ses origines. ‘Voices’ ou ‘The Fog’ se trouvent aux limites de ce que Noir Désir n’a jamais osé faire, mettre un peu de mélancolie dans ses compositions et canaliser leur énergie via des passages plus calmes.
Et que penser de ‘The Line’ au mid-tempo plus que ralenti ? La proximité avec Gazpacho se fait évidente et fait tomber le quatuor dans la même mouvance, celle qui embarque l’auditeur dans une détente auditive. ‘Abyssal’ nous plonge dans ce brouillard soyeux, porté par une sorte de sentiment béat de bonheur mélodique, d’où émerge un final plus soutenu utilisant ces mêmes loops courts et entêtants.
"The Line Which Divides Life From Death" est un de ces albums confirmant le talent d'une nouvelle génération de groupes français qui ose. St Etienne était connu pour son équipe de foot, elle peut maintenant compter sur Blacklarsen même si, il ne faut pas se faire d’illusion, la reconnaissance risque d’être longue à obtenir. Avoir posé un pavé comme cela dans le monde musical est déjà en soi un bon départ, il ne reste plus qu'à en obtenir les retombées et continuer sur cette lancée...