Seul capitaine à bord, ou presque, Julien Gaullier délivre depuis quelques albums une grande dose de mélancolie et de passion à  travers une musique contemplative, à la forme progressive. Les influences tournent autours des grands noms des années 70 : Pink Floyd, Genesis, Mike Oldfield ou Yes. La quête de la musique sensitive absolue est aussi éclairée par des pointures comme Anathema, Marillion ou My Dying Bride.

L’œuvre transpire une beauté diabolique, une lumineuse clarté. Comme Restrospective ou Riverside cette musique tourmentée arpente des détours multiples, elle fait vibrer le cœur et l’âme en passant par des instants contemplatifs ou des cavalcades lyriques.

L’ossature musicale repose sur le duo guitare / synthétiseurs. La six-cordes épaisse, mélodique s’habille aussi d'un grain chaud par l'adjonction d’une wah wah. La version soliste est très présente, les phrases musicales sont prenantes et posent des ambiances multiples par l'usage d'harmonies variées. Les synthétiseurs typés années 70 sont très présents, ils font naître cette fêlure dans la glace par laquelle nous allons nous immerger dans l’eau glaciale des sentiments tourmentés. Le reste des instruments est maîtrisé, le travail effectué est beau, complet ou puissant lorsque la bride est lâchée. Quant à la voix,  elle est éthérée, souple ou plus douce. Toutefois elle est peu présente, l’album étant principalement instrumental, comme si les séquences chantées n’étaient là que pour ajouter un peu d’assaisonnement...

L'album est composé de trois morceaux Erin Shores, Fading Away et Memento Mori qui s'étirent sur plus de dix minutes. C’est toutefois ce dernier qui restera dans les mémoires. Bien que les deux premiers soient pleins de rebondissements et de tempi étirés, le dernier fait office d'un Atom heart Mother contemporain ou d'un Echoes du vingt-et-unième siècle, car il développe les ingrédients progressifs jusqu’à leur paroxysme : thèmes musicaux qui se complètent, se répètent avec peu de temps mort.