L’histoire de Florian Hofer est pleine de rencontres marquantes pour l’allemand. D’abord Atma Anur, un batteur polonais avec lequel il fait ses premières armes et développe sa dextérité à la guitare. Puis avec Pawel Maciwoda, bassiste de Scorpions, qui va vraiment accompagner Florian pour trouver son propre style, mélange de blues, de rock et de funk. C’est le producteur de Lenny Kravitz, Henry Hirsch, qui va changer le destin de Florian durablement en lui ouvrant les portes des studios et de l’effervescence new-yorkais.
"Reaching" est un recueil de douze titres blues et funk rock à la production délibérément vintage. La qualité de rendu n’est pas la meilleure qu’on puisse entendre de nos jours et le fait que "Reaching" ait été enregistré à la maison explique sans doute les légers défauts liés à l’audition. Néanmoins le charme opère immédiatement avec cette combinaison de sonorités brutes, parfois brouillonnes (‘Leave Me’) et d’effets d’estampille 70’s (‘Why’). Les références sont facilement repérables avec un chant proche de Ritchie Kotzen (qui inspira Florian dans ce secteur), une générosité partagée avec Philip Sayce et l’approche guitaristique de Jimi Hendrix. Le tout guidé par une démarche similaire à celle de Stevie Salas sans le biais de la modernité.
Car Florian Hofer est ce qu’on appelle abusivement un guitar-hero (les chorus de ‘Can You Fell Me’ et ‘Illusions’), bien qu’il n’en fasse pas des tonnes. "Reaching" est un disque rythmiquement varié, aux mélodies entêtantes et qui s’équilibre idéalement entre mid-tempi (‘Walk Into The Light’, ‘Illusions’ ou ‘Reaching’) et compositions plus nerveuses (‘Let It Out’, ‘Can You Feel Me’ ou ‘Telling Lies’). Seule ‘Carrying’ vient attendrir totalement l’écoute avec son format acoustique et sa superbe harmonie de refrain.
"Reaching" dégage une belle authenticité avec un style musical très plaisant. Les points sur lesquels il nous semble que Florian Hofer ait une marge de progression sont la production, pour donner un peu de clarté et de force à l’ensemble, et le chant qui pourrait gagner en épaisseur si des chœurs y étaient ajoutés. Si nous étions encore plus pointilleux nous formulerions le souhait d’entendre, dans le prochain album, un peu plus Florian Hofer et moins toutes les inspirations qui l’ont très bien nourries pour ce disque. Ces quelques détails n’empêchent nullement le plaisir réel auquel nous convie Florian Hofer et son rock de caractère.