Premier élément marquant de cette nouvelle galette, un splendide artwork signé par l'artiste britannique Josephine Wall accueille l'auditeur, donnant une irrépressible envie d'approcher au plus vite le contenu gravé sur le polycarbonate. Et là, dès les premières notes de Leap of Faith, c'est une baffe monumentale qui s'abat sur nos oreilles ébahies. Un déluge de claviers qui ferait passer Rick Wakeman pour un gentil organiste du dimanche s'écoule des enceintes, servi par une production monumentale et soutenu par des guitares tranchantes et une section rythmique en fusion. Les grandes orgues sont de sortie, et Steve Paine va dérouler durant ces 12 minutes inaugurales toute la panoplie du claviériste progressif, ajoutant aux sonorités initiales moult claviers rétro ou synthés modernes. Les soli de guitare sont bien entendu de la partie, de même que quelques tricotages de basse bien sentis.

Le deuxième effet qui va venir prendre l'auditeur aux tripes concerne les parties vocales qui, non contentes d'être assurées de façon magistrale par l'artiste irlando-galloise Beck Sian, dont les accointances avec Kate Bush sont plus qu'évidentes (et pas seulement familiales puisqu'elle est sa petite cousine), sont l'objet de chœurs dignes de Carl Orff et ses Carmina Burana. On ressort de cette première plage complètement sonné par la grandiloquence de l'œuvre, en se demandant comment poursuivre la route après une telle entame.

La réponse ? En traçant la même voix (voie !) bien évidemment. Après un Wood For Trees à peine moins grandiose, Legend remet le couvert avec un nouvel epic de 18 minutes, véritable opéra progressif reprenant tous les ingrédients de la plage d'introduction, au risque parfois de frôler l'indigestion en raison d'un constant remplissage de l'espace sonore. Heureusement, le groupe met quelque peu la pédale douce vers le milieu du titre, l'agrémentant de passages instrumentaux typiquement progressifs, avant une magnifique conclusion intégrant notamment un passage aux sonorités ethniques.

Et que dire de la superbe ballade rock Crossing of the Ways qui, sur une construction très classique à base d'un enchaînement de 4 accords, délivre une mélodie prenante et permet à Beck Sian de nous faire admirer sa splendide voix de soprano, montant dans les aigus avec une facilité déconcertante.  Enfin, State of Grace, titre plutôt adéquat au vu du contenu de cet album, vient clore les hostilités dans la même veine, en confirmant la tendance de Legend à rapprocher régulièrement son propos des ténors du métal symphonique, les Nightwish et autres Within Temptation, tout en conservant une base progressive indéniable.