Si Sabina Classen, sa figure de proue, est un peu au Thrash teuton ce que Doro est au heavy metal d'outre-Rhin, le fait est qu'Holy Moses n'a jamais vraiment réussi à atteindre l'étage du dessus, éternel panzer de seconde zone qui doit presque tout à sa charismatique et inusable chanteuse.
Pionnière au sein d'une musique testiculeuse, cette dernière est devenue une référence pour toutes les panthères aux voix criardes, Angela Gossow en tête. Ne serait-ce la présence de Sabina derrière le micro, seule membre historique encore là, le groupe peinerait à se distinguer de ses autres compatriotes métallurgistes, d'autant plus qu'Holy Moses ne brille pas non plus par une intense productivité, sa carrière longue de plus de trente ans n'étant jalonnée que par une dizaine d'albums.
Mais les Allemands sont toujours là. Autour d'elle, la Metal Queen a rassemblé des musiciens acquis à sa cause qui, après avoir entrepris de relifter quelques unes des meilleures cartouches du répertoire maison avec "In The Power Of Now", sont à l'origine de cette nouvelle galette, la première depuis "Agony Of Death" en 2008 ! Si on ne saurait lui contester une énergie intacte, force est de reconnaître que "Redefined Mayhem" tient davantage de l'album de plus que de l'incontournable, si tant est que certains des ses aînés puissent eux même réellement prétendre à ce titre.
Pas de révolution au programme, encore que les Teutons démontre que leur Thrash agressif ne baigne pas encore dans le formol, sonnant même plutôt moderne, à des années-lumière d'une nostalgie poussiéreuse. Certes inchangées depuis 30 ans, ces (grosses) ficelles font toujours mouche grâce à un fuselage puissant et à ce chant féminin (?) plus hargneux que jamais, prouvant si besoin en était que Sabina n'est pas encore prête de se calmer. Les ballades, les roucoulades, ce n'est pas pour elle.
Ces qualités permettent à cette rondelle de s'écouter sans déplaisir, malgré un menu où les bons moments en côtoient hélas d'autres qui le sont nettement moins. Ca démarre même plutôt mal par ce 'Hellhound' sans saveur, amorce décevante néanmoins vite balayée par 'Triggered" et surtout 'Undead Dogs', bulldozer au tempo implacable. Au rayon des bonne surprises, n'oublions pas non plus 'Fading Realities', 'Into The Dark' aux ambiances sombrement malsaines ou bien encore le très eighties 'Sacred Sorrows', exemples du savoir-faire éprouvé des Allemands, qu'agglomère un début de parcours plutôt convaincant. La seconde partie est en revanche à oublier.
C'est un peu le problème de ce disque, dont l'efficacité ne masque pas la banalité de son contenu et qui ne laissera que peu de traces dans la mémoire. Ce qui n'enlève rien au respect que l'on peut avoir, à raison, pour sa furieuse maîtresse de cérémonie à laquelle on sera toujours attaché...