Derrière le drôle de nom de WAMI se cache en fait un acronyme et une de ces histoires que seul le Rock peut nous raconter. En effet, alors qu'il tourne en Pologne avec Thin Lizzy, Marco Mendoza (Whitesnake, Black Star Riders) est impressionné par le guitariste d'Anti Tank Nun, groupe assurant la première partie. C'est ainsi qu'il rencontre Iggy Gwadera, jeune prodige de 16 ans, et que le fossé des générations est aisément franchi pour voir les 2 musiciens sympathiser et élaborer des projets de collaborations avec l'aide d'une triplette de producteurs-compositeurs formée par les frères Wojciech et Piotr Cugowski, et Jaroslaw Chilkiewicz. Alors que ces derniers s'attellent à l'écriture de plusieurs titres en compagnie du jeune guitariste, Mendoza fait marcher son répertoire et réussit à convaincre deux pointures de se joindre à l'aventure. C'est ainsi que nait WAMI composé de Doogie White (Rainbow, MSG, Malmsteen) au chant, de Vinnie Appice (Black Sabbath, Heaven & Hell, Dio) à la batterie, de Marco Mendoza à la basse et d'Iggy Gwadera à la guitare.
Le résultat de ce conte de fée au pays de la vodka, est un album intitulé "Kill The King" qui nous renvoie avec délectation à l'âge d'or du métal mélodique, quelque part entre Saxon, Whitesnake et autres Deep Purple. Oscillant de part et d'autre de la frontière entre Hard-Rock et Heavy-Metal, WAMI nous offre une démonstration de savoir-faire en la matière, alors que le petit génie de la six-cordes se révèle être une découverte pour le moins inattendue au milieu de ses vénérables parrains. Chacune de ses interventions nous laisse pantois devant une telle dextérité et surtout une telle maturité. Qu'il s'agisse de gros riffs heavy ('Heart Of Steel') ou de descentes de manche effrénées ('The Rider'), rien ne laisse envisager la différence d'âge qui le sépare des autres membres du groupe. Il faut dire qu'au milieu de la voix chaude et puissante de White, de la frappe puissante et rapide d'Appice, et des chœurs et lignes de basse dynamiques de Mendoza, le petit poisson peut s'ébattre en toute sécurité.
"Kill The King" fait partie de ses délicieux retours vers les racines du genre. Rien de révolutionnaire et l'ombre des grands est largement présente, mais tout cela est fait avec tellement de talent que l'on passe un sacré bon moment. On y croise Dio au détour d'un 'Exodus (The Red Sea Crossing)' heavy et épique aux accents orientaux, Saxon au milieu de plusieurs Heavy Rock'n'Roll puissants et dynamiques au refrains accrocheurs ('Wild Woman (You Oughta Know)', 'Get Out Of My Way'), Whitesnake sur des Hard-Blues-Rock gouleyant aux refrains hymniques ('One More For Rock'n'Roll'), et quelques Heavy ambitieux ('The Resistance', ''Transition') qui pourraient représenter une voie à suivre dans l'avenir. Même si cela manque parfois du petit supplément d'âme qui aurait pu en faire un album incontournable, il n'y a pas non plus de quoi bouder son plaisir. Il est vrai que le groupe n'a pas enregistré ensemble, Mendoza et Appice gravant leurs parties aux States pendant que White rejoignait Gwadera en Pologne pour y travailler les siennes.
L'avenir nous dira si WAMI aura l'occasion de se produire live et de proposer de nouvelles compositions, ou s'il ne sera qu'un projet comme il sort souvent de rencontres dont l'intensité créative s'éteint aussi vite qu'elle s'est enflammée. En attendant, "Kill The King" peut être considéré comme une mise en bouche des plus intéressantes, mais qui réclame une suite pour confirmer avec un investissement réel de chaque participant. Malgré cela, il serait dommage de ne pas profiter d'un excellent moment revival avec quelques sommités du genre et d'un jeune guitariste prodige en qui tous les espoirs peuvent être placés.