Après treize ans d’absence Winger était réapparu à la surface avec "IV" en 2006 et nous avait fait patienter trois ans avant de nous proposer un "Karma" qui avait mis tout le monde d’accord. Cinq ans plus tard, voilà que déboule sur nos platines enfiévrées un "Better Days Comin’" attendu impatiemment. Bien qu’il soit assez étonnant qu’un groupe qui décide de renaître de ses cendres ne sorte que deux albums en huit ans, c’est avec une satisfaction pleine et entière que cette annonce fut accueillie.
Ce vieux briscard de Kip Winger, accompagné de ses fidèles lieutenants guitaristes que sont Reb Beach (Whitesnake) et John Roth (Giant), a toujours le groove dans la voix et l’art de faire claquer sa basse. Mais "Better Days Comin’" n’est pas une suite logique à "Karma". En effet, autant ce dernier flirtait avec le Hard mélodique voire l’AOR, autant son successeur, bien qu’il y déroge sur quelques titres, la joue essentiellement Heavy Rock US de base. Par voie de conséquence le risque était de taille que les qualités mélodiques très prononcées de l’album de 2009 aient moins voix au chapitre sur la nouvelle production.
Et ce qui devait arriver arriva. A l’écoute des dix titres de cet album, force est de constater que le côté catchy des morceaux de "Karma" ne se retrouve que ponctuellement sur le nouvel opus. Sur les quatre compositions Heavy Rock US, celle de Speed Rock ‘N’ Roll ('Rat Race') et celle de Hard Rock funkisant (le titre éponyme qui nous renvoie à Extrême), seul 'Queen Babylon' et 'So Long China' titillent l’âme mélodique de l’auditeur. Toutefois, reconnaissons que les envolées sont plus marquantes sur les quatre autres titres. En effet, la ballade 'Ever Wonder' est magnifique, l’atmosphérique 'Be Who You Are, Now' est envoutant et les variations progressives d’'Out Of This World' et son impeccable long solo procurent de riches sensations.
Entendons nous bien, la qualité technique des musiciens n’est pas à remettre en cause, ça joue toujours aussi bien, le soin dans la variation des ambiances est également à louer et l’album devrait assurément plaire aux amateurs de bon gros Hard Rock US. Cependant, il est dommage que les américains n’aient pas enfoncé le clou de "Karma" avec plus d’application au niveau des mélodies. Dommage pour les aficionados de l’easy listening qui resteront avec l’eau à la bouche sans se sentir désaltérés.