Quand un groupe essaie de recopier une formule qui lui a réussi, cela donne rarement de bons albums. Tel est le principal défaut que beaucoup - mais pas votre serviteur - reproche à "Supernatural Birth Machine", quatrième offrande forgée par Cathedral et peut-être l'une des plus mal aimées d'une discographie matricielle.
A sa décharge, il faut dire que l'album survient après la période la plus riche de l'histoire du groupe et la préférée des fans (ceci expliquant sans doute cela), jalonnée des trois oeuvres majeures bien que différentes ("Forest Of Equilibrium", "The Ethereal Mirror" et "The Carnival Bizzare") que séparent également plusieurs EP loin d'être négligeables tels que "Statik Magik". Succéder à un tel corpus n'était pas chose aisée. Trop proche de son direct prédécesseur sans en avoir le charme, "Supernatural Birth Machine" en a donc déçu beaucoup. Le fait que ses auteurs l'aient vite oublié de leur setlist tend à confirmer sa faiblesse.
Pourtant, s'il pâtit peut-être d'une prise de son un peu sèche, sans grand profondeur, concoctée néanmoins par Kit Woolven, s'il tente de manière trop évidente à copier la structure et le style de "The Carnival Bizarre", s'il est enfin parasité dans sa seconde partie par des morceaux anecdotiques tout juste dignes d'une face B ('Nightmare Castle', 'Fireball Demon'...), cet opus regorge pourtant de moments de bravoure certes concentrés en début de parcours, qui en atténuent les aspects négatifs.
Après l'introductif et séduisant 'Cybertron 71/Eternal Countdown', le menu s'emballe avec le puissant 'Urko's Conquest', démarrage trapu dans la droite lignée des 'Ride' et autre 'Vampire Sun'. Ultra plombés, 'Stained Class Horizon' puis 'Cyclops Revolution' maintiennent cette qualité, préparant le terrain à l'épicentre de l'album, 'Birth Machine 2000', ersatz de 'The Carnival Bizarre' mais pièce incontestablement monumentale aux lignes de basse monstrueuses. Sa partie centrale, nappée dans les effluves d'un orgue Hammond hanté, participe de ces ambiances spatiales qui drapent tout du long "Supernatural Birth Machine" lequel puise sa principale source d'inspiration dans la science-fiction (La planète des singes sur 'Urko's Conquest' notamment).
Si le reste ne présente pas toujours un très grand intérêt, faisant il est vrai pale figure par rapport au répertoire passé du groupe, l'écoute s'achève toutefois sur ce 'Magnetic Hole' aux lourds aplats, théâtre d'une performance très sabbathienne du guitariste Gaz Jennings. Son long solo final, d'une déchirante beauté, a un goût prononcé de 'Lonely Is The Word' qui le rend forcément jouissif.
Le bilan peut paraître en définitive des plus mitigés, donnant raison à ses détracteurs mais outre le fait qu'il surclasse clairement certains des successeurs tels que "Caravan Beyond Redemption" ou "The VIIth Coming", cet opus conserve un éclat sombre et planant et demeure un très bon disque de Doom. Moins extrême et plus accrocheur, il confirme enfin l'amour de Cathedral pour les années 70, influence qui ne se démentira plus par la suite à l'exception de "Endtyme", parenthèse viciée qui tentera de renouer avec le Doom extrême originel.