Il suffit parfois d’un seul titre pour effacer plusieurs années d’absence. Huit ans durant lesquels nous avions enterré un Solitude Aeternus dont le split n’avait jamais été annoncé, lui le porte-drapeau américain du doom lyrique à la Candlemass. Huit ans balayés en l’espace de 10 petites minutes, celles que dure le gigantesque morceau d’ouverture de "Alone", 'Scent Of Death', longue marche funèbre lancinante, dirigée par des riffs pétrifiés et pesants ainsi que par le chant divin de Robert Lowe, dont on avait alors tous un peu oublié l’immense talent.
D’ailleurs, avec son recrutement au sein du modèle de toujours, Candlemass, qui donnera naissance aux meilleurs albums des Suédois, puis la sortie tardive du premier jet de Concept Of God, "Visions", il est le grand vainqueur de ce come-back, plus que le groupe lui-même .
Même si la paire formée par John Perez et Steve Moseley tissent avec largesse des lignes de guitares splendides et efficaces ('Blessed Be The Dead', les soli presque néo-classiques de 'Upon Within'), c’est bien le chanteur qui porte à lui tout seul cette sixième offrande.,Il la hisse vers les sommets d’un doom épique et grandiose qui se ressource dans les eaux du pur heavy metal, celui du Black Sabbath période Dio (l’unique), dont Lowe est un grand admirateur. Plus que jamais, il s’impose comme la clé de voûte de l’édifice sans lequel les Américains ne seraient qu’un modeste artisan.
Le groupe ayant retrouvé une inspiration laissée en berne avec l’inégal "Adagio", le reste est issu du même tonneau. Citons par exemple le terrassant 'Upon Within', propulsé par une intro menacante, le majestueux 'Burning' ou bien encore 'Is There', magnifié à nouveau par la performance vocale hallucinante de Robert Lowe et par les riffs à la fois granitiques et lumineux des deux guitaristes Ces morceaux évoquent le poids d’une faute qui ne pourra jamais être effacée, ils sont les témoins d’une rédemption impossible, d’un salut qui ne peut venir que de la mort, sans pour autant se muer en une ode au suicide et à la dépression. Autant de sentiments dans lesquels s’enracine le vrai doom.
Ainsi "Alone", dont le superbe visuel est de nouveau l’œuvre du maître Travis Smith, au-delà du fait d’être sans doute le meilleur album du groupe, s’impose comme une des pierres angulaires du genre. Alors qu’importe que Solitude Aeturnus ait disparu des écrans radars pendant huit ans, le plus important est son retour réussi aux affaires. En espérant qu’il retrouve un rythme de travail aussi régulier qu’autrefois. L'avenir nous en apportera la réponse, négative, malheureusement...