Je viens de découvrir que Benighted était français !
Je dois avouer avec honte que cela ne m’avais pas sauté aux
oreilles à l’écoute de leur 2 précédents albums.
A ma décharge, il n’est pas toujours aisé de distinguer le
cri de douleur d’un sanglier francophone de celui de son homologue anglophone.
Ce qui me laisse penser que le growl est une forme moderne
de l’Esperanto. Le genre de langage universel qui, au mépris de toute
frontière, est aussi bien compris (cela fonctionne également avec
« mal ») par tout le monde.
Et il faut reconnaître qu’en termes de chant outrancier, le
groupe fait très fort. Quasiment toute la palette des vocaux extrêmes est de
revue, et l’on passe allègrement d’un chant suraigüe, à des beuglements bien
graves et épais. C’est d’ailleurs une des caractéristiques fortes du groupe.
Et oui, vous l’avez deviné, Benighted fait dans le Death, on
peut même préciser, dans le Death brutal, mâtiné d’influences Grind.
Et l’origine du groupe ne transparait pas du tout à l’écoute
de ces 11 glaviots que le quintet nous crache à la gueule.
Car dans son domaine de prédilection, Benighted fait très
fort, très mal, très violent, très plein de choses…
Au-delà des vocaux, c’est l’absence de temps morts, et la
rapidité d’exécution du combo, porté par un batteur survolté, qui impressionne.
Car si la musique du groupe est ultra brutale et sans beaucoup
de concessions, elle n’en est pas moins exécutée par des musiciens qui se
révèlent très à l’aise pour exprimer avec clarté une musique très extrême.
Tellement à l’aise qu’aux côtés de titres directs et quasi
primaires comme 'Jekyll' ou 'Defiled Purity', ils introduisent, sans que cela ne
dénote, des changements de rythmes et d’ambiances assez heureux comme cela peut-être
le cas avec 'Spit', 'Carnivore Sublime', 'Slaughter/Suicide' et 'Les Morsures Du
Cerbère'.
Alors certes, cela bourrine toujours aussi sec et ces
digressions paraitront bien timides aux oreilles des réfractaires à tout hymne
à la barbarie.
Mais pour les autres, ceux pour qui la déficience auditive est
une sorte de Saint Graal, un objectif quasi mystique, ce "Carnivore Sublime" sera un élément clef dans leur quête
incessante de brutalité.
On pourra seulement regretter que le groupe n’explore pas d’avantage
ses évidentes capacités à surprendre, en faisant plus fréquemment et
radicalement varier son propos, comme il le fait dans le pont final de 'Spit'. Mais cela n'entache en rien le côté jouissif des 11 baffes qu'il nous assène.
Un très bon album dans son genre donc, mais qui reste cantonné à un style
un peu restrictif et peinera donc à rallier un grand nombre d’afficionados.