Echoes Of Giants. L'écho des géants … Tout semble dit dans le nom de ce groupe américain dont la musique du premier album, "At The End Of Myself", résonne de mélodies résurgentes des grands groupes progressifs tant old school que néo. Echoes Of Giants, c'est un trio à la composition atypique : s'il est de rigueur d'avoir un guitariste (Wes Bolton) et un bassiste (Rick Kaufmann) attitrés, il est plus rare que le même homme soit à la fois derrière les claviers et les fûts, Tracy Thomas assumant à lui seul ces deux rôles. Album instrumental, alors ? Que nenni car, autre particularité du groupe, le chanteur est un invité en la personne de Joey Myers.
Si l'album contient quinze titres, dix d'entre eux sont regroupés dans deux longues suites. Les sept premières pistes constituent autant de mouvements du titre éponyme, epic de près de vingt-deux minutes, alors que les morceaux 12 à 14 s'enchainent pour une durée plus courte mais dépassant quand même les quinze minutes. 'At The End Of Myself' et 'My First Breath' donnent tout son sens au nom du groupe qui a parfaitement retenu les leçons de ses aînés et arrive à en restituer l'atmosphère sans tomber dans la copie conforme. Les deux titres déroulent des mélodies aux enchainements fluides, suivant un fil conducteur cohérent, sans moment creux. Alternant les moments forts et doux, la musique plutôt mélancolique est surtout dominée par la présence des claviers, avec une prédominance de l'instrumental sur le chant, celui-ci, même s'il n'a rien de spécial, s'avérant agréable à écouter.
Les cinq autres titres sont autant de ballades plus ou moins musclées, restant dans un registre doux et dotées d'un chant plaintif. 'Walls I Build' manque un peu de chaleur et d'envolée, 'Pushing You' est un petit rock nerveux sans prétention façon Wishbone Ash, 'Let It Go' joue la carte du slow romantique classique qui donne envie de poser sa tête sur l'épaule de l'être aimé et 'Epilogue' clôt l'album en douceur. Légèrement plus original, 'Alone' introduit une parenthèse instrumentale pour les amoureux de la six cordes, dotée d'une belle mélodie.
L'album entretient tout du long une belle dualité entre claviers et guitares et s'équilibre entre ses deux longues suites résolument prog et ses autres titres plus format ballade mid-tempo. Tout le charme de "At The End Of Myself" lui est néanmoins conféré par ces epics, les autres titres permettant par leur côté suave et agréable de prolonger la magie, mais trop normés pour retenir à eux seuls longtemps l'attention de l'auditeur mélomane.