Il semblait assez improbable de trouver un groupe de metal progressif en Ouzbekistan, pays enclavé d'Asie centrale et République de l'ex-Union Soviétique. Ces contrées majoritairement désertiques ont vu passer Alexandre Le Grand, Genghis Khan ou bien Tamerlan. Pourtant depuis 1986, un groupe nommé Flight 09 officie dans cet univers. Il a 4 albums distribués à l'international à son actif, a réalisé de nombreuses tournées et participé à de quelques festivals.
Mais venons-en à ce "Signs Of Water". L'origine du groupe ne transparaît à aucun moment tant Flight 09 est pétri du rock néo-progressif et du hard rock à l'occidental. Il n'est pas aisé de rentrer pleinement dans les compositions à cause d'un chant très linéaire, manquant de souffle et de musicalité ainsi que d'une production très moyenne. Ce son écrasé et relativement sourd cache pourtant une certaine créativité. Le trio n'innove pas vraiment mais parvient à insuffler un certain charme à des compositions très mélodiques et agréables. La référence la plus évidente se trouve peut-être du côté de For Absent Friends. Tout comme chez les Hollandais, la basse de Constantine Savitch est omniprésente, le clavier tient un rôle prépondérant et les mélodies sont généralement légèrement sirupeuses. Cette tonalité plutôt confortable s'appuie toutefois sur des rythmiques intéressantes et des changements d'ambiance bien amenés.
Même si des morceaux tels 'The Cloud' tentent par moments de se rapprocher d'un metal progressif plus syncopé et agressif, la dominante reste mélodique. "Nowhere And Never', en morceau d'ouverture donne une impression plus orientée hard rock et 'The Wave', qui commence comme une ballade, développe un rock progressif inspiré et constitue certainement l'un des morceaux les plus réussis voire innovants. D'autre moment agréables apparaissent sur 'Island Of Dreams' ou le final 'The Cloud' qui oscille entre metal et rock progressif à flûte.
C'est donc un album plaisant que nous présentent les ouzbeks de Flight 09. Ils ne font pas vraiment dans l'originalité mais ont le mérite d'avoir tenté de sortir du lot. Le plus grand handicap que l'on aura envie de pardonner compte tenu des conditions plausibles d'enregistrement, réside dans cette production qui ne parvient pas à mettre en avant le talent intéressant des trois musiciens.