'Future Is Born' est le tout premier album de Hearth, patronyme derrière lequel se cache le français Emmanuel Baudry, ce dernier étant connu pour ses prouesses dans l'art du "remix". Hearth est à l’origine un side-project solitaire devenu une marque à part entière. Le CD est publié avec le soutien de Synthetic Association, une structure qui travaille avec passion dans le champ de la promotion des musiques électroniques.
Cet album est, aux dires de son auteur, un "concept littéraire" (le graphisme de la pochette renvoie d'ailleurs directement aux livres antiques, et par contraste, aux nouvelles tablettes numériques), qui s'écoute comme un voyage imaginaire en 12 étapes.
L'essence de la musique présente sur ce premier ouvrage est constituée par un plan instrumental fait d’action sur des sons incorporant des mélodies persistantes, l’ensemble se sustentant d’expériences et d’émois. Les influences avérées sont New Order, Cocteau Twins, Dead Can Dance ou encore Depeche Mode. Adepte de la période musicale de naissance du MIDI, Emmanuel Baudry abuse de ces sonorités et ceci se ressent de manière trop importante dans l’opus, soulignant la trop grande simplicité de l’ensemble et le manque de texture et de richesse en variations. Impossible également de ne pas penser au Kraftwerk de l'époque "The Man Machine" et "Computer World" en s'immergeant dans les atmosphères robotiques distillées. La conséquence est la multiplication combinatoire de styles allant du synthpop mélodique aux rythmes technoïdes, en passant par des structures ambiant et des mélanges de sonorités vintage et high-tech de type "dance-floor" et "psy-transe".
La première impression (désagréable) suggère que le groupe s'est trompé d’époque et accuse une bonne trentaine d’années de retard. Les programmations de boites à rythmes sont irritantes car elles ne varient pas d’un iota au cours des morceaux et notamment sur les plus doux, des variations de tempo auraient apporté un peu plus de personnalité. Certains sons de “batterie” font férocement datés, tout comme certains thèmes qui rappellent les pires heures de la new wave 80’s (“The Fall” ou “Free”). La plupart des mélodies flagornent du côté de la niaiserie ("Down and Up”) et les thèmes sont grossiers et souvent trop répétitifs. Les influences d'Emmanuel Baudry sont ici bien palpables, comme sur "Perhaps" ou encore sur "Future Is Born", tous deux imbibés par l'essence analogique de Depeche Mode et de certains Tangerine Dream.
Les points fort de cet opus, car il y en a, sont les idées développées dans les morceaux "Some Wall", "Magic Garden" et "Eternal Snow", tous trois plus marqués par le sceau de l’ambient, souvent urbains, voire même science-fictionnels, mêlant climats oppressants et parties plus aériennes. Aussi, les amateurs du genre devraient trouver leur compte avec les ambiances apportant indéniablement un pouvoir cinématique comme dans "The Future Is Born" et "Some Walls".
En conclusion, si cet album inaugural n'est pas totalement dépourvu de qualités il est relativement peu émotionnel et trop proche du easy-listening. On attend tout de même de voir l’évolution et le chemin qui sera emprunté pour la suite de cette carrière.