Lost Kite est un groupe, ou plutôt un binôme familial, qui nous vient de Suède. Constitué du père, Stefan Carlsson, multi-instrumentiste aussi à l'aise aux guitares qu'aux synthés, aux percussions ou à la flûte, et du fils, David, plutôt dédié à la six cordes qu'elle soit électrique, acoustique ou classique, Lost Kite vient de sortir son second album, astucieusement baptisé "Two" (mais comment peut-on avoir une telle imagination !).
Une fois n'est pas coutume : commençons par un petit conseil sur les conditions d'écoute. Pour profiter pleinement des subtilités de cet album, n'hésitez pas à pousser le volume bien au-delà de vos habitudes, sans que cela risque de déclencher pour autant les foudres de vos voisins. En effet, la musique est bien souvent intimiste, voire confidentielle et une écoute à un volume normal risque fort de vous donner l'impression de n'ouïr que le silence perturbé de temps à autre par un vague murmure. Choix délibéré ou insuffisance de la production ? Toujours est-il qu'il est absolument nécessaire de monter le son sous peine de trouver l'album insignifiant.
Et ce serait une grossière erreur, tant ce disque est une petite merveille de finesse et de délicatesse. Les compositions de la famille Carlsson nous nimbent d'une ambiance féérique et romantique, peuplée de délicates variations de guitare et d'orgue qui installent une atmosphère rêveuse et romantique, irréelle et lunaire. Ce climat délicat et poétique où l'on se laisse aller à des rêves doux-amers présente bien des similitudes avec celui qu'on retrouve dans "The Geese And The Ghost" d'Anthony Phillips : même intimisme acoustique, même mélange de progressif raffiné et d'airs médiévaux, même prédominance de l'instrumental où un chant voilé et discret n'intervient qu'avec parcimonie, même atmosphère tragico-romantique.
"Two" ne se résume cependant pas à être un simple clone de "The Geese And The Ghost". Si le cœur de l'album s'imprègne de la même atmosphère, 'Broken' et 'Organic' qui ouvrent l'album ressemblent plus aux débuts de Caravan par son aspect pastoral légèrement décalé pour le premier et aux expériences sombres d'un Van der Graaf Generator croisé avec Art Zoyd pour le second. Quant à 'Ascend' qui ferme l'album, il décline d'un bout à l'autre le même thème ascendant (d'où le titre, probablement), repris par chaque instrument sur tous les tons, variation amusante et décontractée dans le style de ce qu'a pu faire un David Jackson sur "The Long Hello".
Entre pianissimo et mezzo piano, Lost Kite délivre un progressif raffiné, gorgé de mélodies poignantes et d'une exquise douceur, tout en nuances pastel et nostalgiques.