A la surprise générale il n’aura fallu que quelques mois pour que "Surfing With The Alien" atteigne les sommets des ventes. Les événements vont dès lors se bousculer pour l’italo-américain : réédition de "Not Of This Earth" qui fait peau neuve, enregistrement de l’EP "Dreaming #11" entre deux tournées avec Mick Jagger, sollicitations médiatiques et tournées pour promouvoir "Surfing With The Alien". Dès la sortie de l’EP, en novembre 1988, Joe Satriani s’attelle à la composition de son prochain album. "Flying In A Blue Dream", qui aura nécessité seize semaines d’enregistrement, parait en octobre 1989, deux ans presque jour pour jour après "Surfing With The Alien". Comme souvent avec Satch l’inspiration lui vient de ses propres expériences et c’est un rêve récurrent qu’il fait étant enfant dans lequel il se voit voler dans un monde azuréen qui donnera son nom à l’album et au premier titre de celui-ci.
"Flying In A Blue Dream" est l’album des innovations et des prises de risque dans lequel Joe Satriani se livre comme jamais. C’est la première fois que le guitariste chante (à six reprises) avec plus ou moins de talent il faut bien le reconnaitre, et que le banjo (‘The Feeling’) et l’harmonica (‘Gig Bad Moon’) sont utilisés. Dans ce disque Joe Satriani aborde de nombreux styles et ne se fixe que peu de barrières avec le rock dur dans ‘Big Bad Moon’ et plus léger avec ‘Ride’ ou ‘Can’t Slow Down’, le jovial ‘The Phone Call’, la funky ‘Strange’ et la ballade ‘I Believe’. Les quatre interludes, expérimentales (‘Headless’) ou introductives (‘The Forgotten’ et ‘Bells Of Lal’), donnent la respiration nécessaire à la digestion de ce long album.
Les compositions instrumentales sont mieux ciselées que celles de "Surfing" et l’équilibre harmonique renforcé par le soin porté par les musiciens et la production accroit l’effet de puissance (‘One Big Rush’, ‘Back To Shalla-Bal’) et d’onirisme (la superbe ‘The Forgotten Part 2’). Techniquement Joe Satriani est au sommet avec le souci constant de servir le morceau et la mélodie. Pour exemple l’exécution virtuose du tapping à deux mains offrira le gimmick au très réputé ‘The Mystical Potato Head Groove Thing’ et le sustain hyper maitrisé donnera à ‘Flying In A Blue Dream’ son lyrisme. Comme pour "Surfing With The Alien" Joe Satriani a tenu à conclure son album par un hommage émouvant à son père, décédé pendant l’enregistrement de "Flying", avec la poignante ‘Into The Light’.
Le travail à la production allié à la présence de sonorités acoustiques permet d'apprécier l’énorme différence de rendu entre "Surfing With The Alien" et ce dernier. Le pari audacieux de Joe Satriani de proposer un album versatile et entrecoupé de chansons sera validé par le succès des ventes. Pour son prochain album en devenir, "The Extremist", Satch gardera le meilleur de "Flying In A Blue Dream" et abandonnera tout le reste.