De tous les groupes biberonnés aux seventies apparus ces dernières années, Admiral Sir Cloudesley Shovell n'est pas tout à fait comme les autres, différence qu'il cultive par un son beaucoup plus dur, rugueux et tout simplement moins psyché. Ni occulte, ni progressif comme certains de ses collègues de label tels Astra ou Blood Ceremony, le gang n'a en réalité pas les mêmes influences, louchant davantage vers le proto heavy metal, héritier d'une certaine tradition britannique, crue et sauvage, celle de Budgie et autre Motörhead.
Sale et sans artifices, son rock sent le cambouis et la sueur. Le fait qu'il s'agisse d'un power-trio ne trompe d'ailleurs pas. Vêtus de pattes d'éph', les Anglais vont à l'essentiel, branchent leurs instruments et balancent la sauce au goût de rouille. Cette urgence, cette spontanéité qui les guident expliquent la rapidité avec laquelle cette deuxième galette a été mise en boîte. Ne confondant néanmoins jamais vitesse et précipitation, le groupe n'a pas sacrifié sa qualité d'écriture qui a permis à "Don't Hear It... Fear It !" de compter parmi les bonnes surprises de l'année 2012.
Son titre comme son visuel témoignent que "Check'em Before You Wreck'em" creuse le même sillon tranchant que son devancier, agrégat de dix morceaux toujours directs et remuants, qu'irriguent des riffs dont la simplicité les pare d'une intensité accrocheuse. Exception (bien) faite des longs 'Captain Merryweather' et "Late Night Mornings', pistes lentes truffées de soli ravageurs qui illustrent par là même tout le talent de ses auteurs aussi à l'aise pour les atmosphères pesantes que pour les saillies sans vaseline, le menu repose sur des chansons au format plus trapu, brutales et mélodiques à la fois.
Les hymnes ne manquent pas, de l'inaugural 'Do It Know' et ses lignes de basse toute en rondeur, à 'Bulletproof' qu'illumine le jeu aussi nerveux que flamboyant du guitariste et chanteur Johnny Gorilla, de '2 Tonne Fuckboot' à 'Happiness Begins', véritable dynamo à l'énergie bluesy', titres bruts de décoffrage qui font rapidement leur trou dans la mémoire grâce à leur mélodies imparables.
Rien à jeter en définitive, pas d'esbrouffe ou de vain remplissage, Admiral Sir Cloudesley Shovell se souvenant que l'idéale durée d'un album reste plus jamais celui du vinyle, unique format possible pour ce type de disque trempé dans un esprit old-school plus anachronique que nostalgique. Avec cette croûte sonore toujours aussi ferrugineuse, le groupe poursuit son aventure hors du temps et des modes, faisant mieux que transformer l'essai avec ce deuxième opus dans la droite lignée de son prédécesseur et ce style qui n'appartient qu'à lui, chose suffisamment rare de nos jours pour être souligné comme il se doit !