Le moins que l’on puisse dire c’est que ce disque n’a pas grand-chose à voir avec les productions des deux groupes précités, le stakhanoviste chantant nous dévoilant ici la facette la plus « variété » de sa personnalité. Et lorsque l’on dit variété, ce n’est pas un euphémisme. En effet, le Rock FM en version française dont il se voulait le chantre au début de sa carrière solo a laissé place à un style aux mélodies légères, à l’orchestration sobre et aux rythmes alternant tendance Dance et mid tempo/ballades. 

L’adepte du grand écart artistique qu’est Hantson (ce qu’il a toujours revendiqué) confirme donc qu’il est doté de puissants ischio-jambiers. Car après un Opéra Rock qui avait laissé les fans de sa face sombre très dubitatifs, il réitère avec ce disque qui se révèle également être très grand public, aux antipodes du très Heavy "Psychiatric".

Souplesse ou schizophrénie ? Difficile de trancher. Toujours est-il qu’il ne peut être que conscient de la difficulté à satisfaire de la même manière les deux franges de son auditoire. Car si ce disque est, comme à son habitude, très bien produit et très bien interprété, il est clair que les compositions pourraient manquer d'un peu de caractère pour certains. Celles-ci sont majoritairement très mélodiques et légères, la part belle étant faite aux mid-tempo langoureux ('Amour Agonie', 'Tout Recommencer'), aux ballades sucrées lorgnant vers la comédie musicale (Poudre Aux Yeux, qui reprend le titre d’un de ses livres, 'Comme Un Homme Qui Se Noie', 'Pour Que Tu Sois Là'...) et aux morceaux sautillants ('Pardon', 'Et Bien Dansez Maintenant').

Les ambiances un tantinet Rock FM se font rares et il n’y a guère que sur le très bon 'Un Pas Vers Le Ciel', sur le final de 'Teenage Dream', et dans une moindre mesure 'Briser Le Silence' que l’on sent cette patte qui fait partie de l’identité musicale de Renaud Hantson. On peut d’ailleurs regretter que le talent de l’excellent guitariste Michael Zurita, ne soit pas plus utilisé. Quoiqu’il en soit, s’il n’y a pas lieu de remettre en cause la qualité de cet album, celui-ci ne possède pas ce petit supplément d’âme propre à donner la chair de poule. Cela est peut-être dû à un défaut de profondeur dans les compositions ou bien, et c’est la raison que je retiendrais, à un léger manque de passion, cette flamme qui permet de transcender n’importe quel style, de faire chavirer n’importe quelle oreille. On sent ici trop de retenue, trop de volonté de maitrise de la part des musiciens, ceux-ci donnant le sentiment de vouloir cacher leur manque de spontanéité par une des arrangements superficiels et sans vie.  A cet égard, même la reprise du 'Teenage Dream' de Katy Perry fait bien pâle figure à côté de la magnifique version du 'I Have Nothing' de Witney Houston que l’on peut trouver sur Back To Blues Rock. Le postulat de départ est assez proche mais le traitement totalement différent.