Rappel des faits. En 1991, Echolyn sort son premier album éponyme que le groupe renie plus ou moins aujourd’hui notamment à cause de sa production. Un an après sort "Suffocating the bloom", une bouffée d’oxygène dans le marasme musical ambiant. Voilà un groupe de rock, quasiment inconnu, qui se mettait à produire une musique complexe et expérimentant même dans le dodécaphonisme. On ne peut pas dire qu’ils étaient légion à cette époque. Bien sûr, leur héritage musical est aussi à chercher du côté de Yes, Gentle Giant et de la musique des 70’s en général.
"Suffocating the bloom" est composé de morceaux indépendants dans sa première partie et d’une longue suite de plus de 28 minutes qui commence avec la onzième piste. Chaque morceau de l’album est une petite entité qui se suffit à elle-même, de ce fait, Echolyn dément l’idée que pour faire du progressif, il faille travailler sur la longueur. Ecoutez par exemple 'Here I am' dans lequel, en moins de 6 minutes, le groupe exploite et enchaîne de nombreuses idées différentes (du jazz au funk) tout en restant cohérent et en créant par la même leur propre identité. Dans la première partie de l’album, les morceaux les plus remarquables sont '21', 'Memoirs from between' avec sa magnifique montée en puissance, le jazzy 'A little nonsense' et 'Here I am' au refrain imparable.
Par contre, si 'A suite for the everyman' reste d’un bon niveau dans l’ensemble avec une très belle ouverture au violoncelle et un enchaînement vocal mémorable, la suite est peut-être un peu trop décousue pour former véritablement un tout cohérent. Cela dit, rien ne vous empêche d’écouter et de réécouter cette suite qui mettra du temps avant de livrer toute sa substance, mais n’est-ce pas là justement l’un des intérêts du progressif ? Se livrer petit à petit pour apprécier chaque nouvelle écoute…
Avec le recul, "Suffocating the bloom" apparaît non seulement comme l’un des meilleurs albums de rock progressif américain des 90’s, mais également comme la meilleure carte de visite d’un groupe dont la discographie allait s’enrichir d’autres albums tout aussi passionnants.