En parallèle à ses multiples participations Neal Schon, le
chanteur-guitariste de Journey, continue de nous proposer à intervalles très
irréguliers des disques solos. Ce "So U" est d’ailleurs son 8ème effort solitaire, un album
dont le nom renvoie explicitement au I On U paru en 2005. Pourtant, le propos
est assez différent. Car comme à son habitude, Schon semble appréhender sa
carrière solo comme une addition de disques indépendants ayant chacun leur
identité musicale propre, comme s’il cherchait à travers eux à s’oxygéner et s’essayer à des styles ne collant pas au cahier des charges de ses groupes
majeurs. De fait, après des essais orientés Jazz Rock, Rock moderne,
Latin Rock et un album de reprises, il nous revient avec un disque dont la coloration est plus axée sur le Rock FM et le Rock 70'.
Ainsi 'What You Want', 'Shelter', et surtout 'Serenity', donnent-ils dans un Soft Rock assez classique qui n’est pas si éloigné de ce que pourrait
faire Journey même si le propos est un peu plus dépouillé. Un constat
que l’on peut également faire avec la ballade 'Love Finds A Way'. Toutefois, Neal Schon se permet quelques petites digressions
qui donnent à cet album une coloration assez variée. Le titre 'So U', possède ainsi des sonorités très Satrianesque alors que 'Exotica', l’un des deux instrumentaux de l’album, est plus dans la veine de son précédent opus à savoir
un Rock légèrement mâtiné de Jazz Rock débouchant sur un final dans lequel Schon donne dans le shreeding fou. Le syncopé 'On My Way', chanté de belle manière par le batteur
de Journey, Den Castronovo, est quant à lui assez proche de l’esprit du "Electric
Ladyland" de Hendrix.
On peut d’ailleurs noter que si ce disque sort sous le nom
de Neal Schon, et que parfois le guitariste en fait des tonnes, il laisse
largement ses comparses s’exprimer, que ce soit au chant, partagé par les 3 protagonistes, ou bien en donnant un
large espace d’expression pour la basse et la batterie. Une liberté très bien
mise à profit par Marco Mendoza dont la basse ronflante enrichit très
fréquemment les morceaux à l'instar de l’instrumental
planant, qui clôt ce disque, 'Big Ocean'. De son côté, Den Castronovo, peine un
peu à s’affranchir de son style métronomique et clinique et ne parvient pas
réellement à apporter la touche de groove qui s’imposait.
L'ensemble est donc très professionnel, truffé de chœurs un tantinet
mielleux, se veut assez facile d’accès mais n'est malheureusement pas toujours mémorable car si la moitié
des morceaux présents (les 2 instrumentaux, 'Serenity', 'Shelter'), sont réellement
savoureux, les autres restent assez dispensables. Ce "So U", n’en demeure pas moins un bon album de Soft Rock
varié et magistralement interprété.